Si tu pensais que les contes moralisateurs avaient pour but de récompenser les gentils et de punir les méchants, Justine ou Les Malheurs de la vertu de Sade est là pour te démontrer que dans son univers, la naïveté est une condamnation à perpétuité… et sans remise de peine.
L’histoire ? Justine, jeune fille candide, croit qu’en restant vertueuse, la vie lui sourira. Mauvaise pioche. Chaque fois qu’elle croise un personnage, il a soit une morale douteuse, soit des tendances psychopathes, soit les deux. Résultat ? Elle subit un enchaînement d’horreurs, entre humiliations, abus et trahisons, le tout avec une constance qui ferait passer une tragédie grecque pour une comédie romantique.
Le gros point fort ? C’est une critique sociale (bien qu’assez brutale). Sade démonte l’idée selon laquelle la vertu protège, et à travers son style ultra théâtral, il en profite pour balancer des tartines philosophiques sur la corruption des puissants et l’hypocrisie des valeurs morales.
Le hic ? C’est répétitif et excessif. Justine enchaîne les malheurs avec une régularité qui frôle l’absurde. On pourrait croire à une parodie de conte moral si Sade n’était pas aussi obsédé par le côté sordide et cruel. Et puis, soyons honnêtes, les dialogues où les bourreaux expliquent en détail pourquoi ils sont abominables, c’est souvent plus long que nécessaire.
Bref, Justine, c’est une leçon philosophique version torture-test, où être gentil signifie surtout servir de punching-ball narratif. À lire si tu veux voir Sade en mode cynique extrême, mais à éviter si tu espérais une once d’espoir dans ce monde de brutes.