Karoo
7.3
Karoo

livre de Steve Tesich (1998)

J'ai vécu des moments d'ennui profond autant que d'épiphanie en lisant Karoo.


Les personnages archétypaux comme celui du bel étudiant à Harvard qui ne peut aimer car délaissé par son père alcoolique, cynique, dépressif, trop riche pour être heureux, sa femme qui incarne à elle seule la "bien-pensance", une jeune actrice mauvaise et un peu coconne mais profondément gentille, et j'en passe.
Un livre qui se découpe étrangement, récit à la première personne pour sa plus grande partie puis une espèce de délire à la troisième personne qui finit par exploser en une épopée ramassée en quelques pages qui semblent vouloir résumer l'intégralité du roman tout en donnant enfin naissance au roman rêvé du narrateur.
Quelques thèmes forts donnent une unité à un roman sans doute trop long dont celui de la fuite qui, je crois, est véritablement le cœur de l'épopée de Karoo. Il traverse différentes situations qu'il semble contempler plutôt que vivre ce en quoi son statut de narrateur est assez intéressant. Son cynisme et son apparente extrême confiance en lui sont teintés d'une éternelle quête de sens. Quête individualiste qui le conduit à se chercher lui-même avant tout. C'est d'ailleurs là son tort, nous dit le texte. Plutôt que de se retrancher dans une solitude cynique et de prendre tant de recul vis-à-vis d'une vie qu'il narre mais ne vit pas, Karoo aurait dû être.
C'est le point final du livre : une espèce de délire mystique qui lui fait chercher en Dieu, en une entité plus grande un sens qu'il aurait manqué, qui l'aurait aidé mais qui n'existe évidemment pas, seul est l'éternel mouvement, l'éternelle création.


Le roman est riche, différents thèmes se croisent et font sens. L'histoire, bien que vue par les yeux de Karoo, nous permet de remettre en perspective ce personnage qu'on est tenté de plaindre, dans lequel on se voit souvent, qu'on condamne parfois. On comprend vite que les autres personnages ne sont que les caricatures que le regard biaisé du narrateur nous permet d'entrevoir, il nous conduit alors en filigrane à remettre notre propre perception du récit et notre perception, en général, en perspective.
Mais je ne sais pas, le roman se perd, est long, tombe souvent dans un excès et une caricature qui, bien que regardés ironiquement, deviennent lourds.

Nagelchrowd
7
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le 26 mai 2016

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Nagel Chrowd

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