Percutant
J’ai retrouvé la plume de Yasmina Khadra avec plaisir. L’écriture est poétique et va droit au but dans le même temps. L’auteur réussit à s’immiscer dans la tête d’un terroriste et peut-être...
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le 31 août 2018
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Quelle différence avec le livre précédemment lu (Chien-loup) que j’ouvrais contraint-forcé, afin d’en finir. Celui-ci, je le fermais contraint-forcé, car obligé par d’autres tâches…
Le 12 septembre 2018, lorsque, sur le plateau de “La Grande Librairie”, j’ai vu apparaître Yasmina Khadra, avant même de connaître le sujet de son livre, je savais quel serait mon prochain auteur !
Je me demandais comment j’allais bien pouvoir démarrer mon commentaire quand un membre de SensCritique m’a soufflé le mot :
« Dans la commune de Péronne, dans la Somme, des lycéens ont refusé de lire les extraits du livre “Le Porteur de cartable”, écrit par le franco-algérien Akli Tadjer. Ce sont l’origine de l’auteur et le thème de l’ouvrage qui ont déclenché la colère des étudiants. Le 16 novembre (2018), l’écrivain Akli Tadjer doit rencontrer des lycéens originaires de la Somme pour leur parler de son livre […] Lors de la lecture d’extraits en classe, la professeure à l’origine de l’initiative affirme qu’il y a eu des problèmes. “Il y a eu une levée de boucliers de certains élèves car l’auteur n’est pas Français, l’histoire ne concerne pas la France et il y a du vocabulaire en Arabe” écrit-elle dans un mail adressé à Akli Tadjer. “Un élève a refusé de lire pour ne pas prononcer 'Messaoud'.” »
https://www.ouest-france.fr/education/ecole/il-y-du-vocabulaire-en-arabe-des-lyceens-refusent-de-lire-le-roman-d-un-franco-algerien-6020463
Quel rapport ? me direz-vous : l’INTOLÉRANCE !
Qu’est-ce qui pousse un être humain à commettre des attentats terroristes ? À tuer aveuglément d’autres êtres humains ? L’INTOLÉRANCE !
Yasmina Khadra essaie de pénétrer les pensées d’un kamikaze, peut-on comprendre ? à défaut de lui pardonner.
Yasmina Khadra est le nom de plume de l'écrivain algérien Mohammed Moulessehoul, né en janvier 1955 à Kenadsa, dans le Sahara algérien. Ce pseudonyme est composé des deux prénoms de son épouse. En 1964, son père envoie Mohammed alors âgé de 9 ans à l'école des cadets de la Révolution d'El Mechouar à Tlemcen afin de le former au grade d'officier. À 23 ans, il sort sous-lieutenant de l'Académie militaire interarmes de Cherchell, avant de servir comme officier dans l'armée algérienne pendant vingt-cinq ans. Il atteint le grade de commandant. Il fait valoir ses droits à la retraite et quitte l'armée algérienne en 2000 pour se consacrer à l'écriture.
Sous le nom de plume de Yasmina Khadra, on retiendra, entre-autre ouvrages :
Morituri en 1997, L'Écrivain en 2001, Les Hirondelles de Kaboul en 2002, L'Attentat en 2005, Les Sirènes de Bagdad en 2006, Ce que le jour doit à la nuit en 2008, La Dernière Nuit du Raïs, en 2015.
Août 2018 voit la sortie de “Khalil”. Qui est Khalil ? Un jeune homme né en Belgique de parents marocains. Il a vécu toute son enfance et sa jeunesse dans le quartier bruxellois de Molenbeek entre sa sœur jumelle, qu’il adore, sa sœur ainée qui déteste la terre entière, sa mère fatiguée, son père ivrogne et absent, et ses deux copains Driss, aussi révolté que lui, et Rayan travailleur et appliqué. Résumé bien rapide et incomplet. Pourquoi Driss et Khalil se sont-ils fait happer par les frères ? Parce qu’ils n’ont pas trouvé leur place, parce qu’ils ne sont pas à leur place « il suffit de bien peu de chose pour que l’on dégringole dans l’estime de soi. Et alors, bonjour les dégâts. Tout part en vrille. Ça parait dérisoire, pourtant ça te fout l’existence entière en l’air. Il n’y a pas plus fragile qu’un apatride […] Les vrais criminels, ce ne sont pas ceux qui se font sauter au milieu de la foule, mais ceux qui ont rendu la boucherie possible. » Alors, ils ont rencontré des gens qui ont su leur parler, qui ont donné un sens à leur vie… et à leur mort « Je n’avais pas peur de ne plus voir de couchers de soleil puisque j’en cueillerais par paniers entiers dans les vergers du Seigneur » et au-delà « Les mercenaires meurent pour leurs commanditaires. Les soldats pour des intérêts qui ne leur apportent rien. Les gangsters pour des prunes… Mais le chahid [martyr], lui, ne meurt jamais ; il se prélasse dans les jardins du Seigneur, entouré de houris [vierges du paradis] et d’arcs-en-ciel éblouissants. » C’est pas beau, ça ? Comment voulez-vous résister à une telle félicité ? Ce serait comique si ce n’était pas si dramatique !
Ainsi, les deux amis d’enfance, Driss et Khalil vont se faire “sauter” à Paris le 13 novembre 2015 au Stade de France, en même temps que d’autres tireront au Bataclan ou sur les terrasses des brasseries parisiennes…
Mais le récit ne s’arrête pas là… la ceinture d’explosifs de Khalil n’explose pas… Que va-t-il se passer dans sa tête ? Quelle tempête ? Comment continuer à vivre ? « Couché sur mon lit, j’écoutais mon pouls résonner à travers mon être […] je pensais à Driss et à Rayan, à nos années Molenbeek, à nos quatre cents coups et nos quatre cents tacles. À quel moment les frères avaient-ils permuté mes repères ? En avais-je eu vraiment ? Je ne crois pas. J’étais sur leur chemin, objet perdu, ils m’ont ramassé et m’ont gardé puisque personne ne m’avait réclamé. »
La magie du verbe ! Un roman très fort ! Bravo monsieur Yasmina Khadra. Je n’ai pas lu tous vos livres, mais j’ai aimé tous ceux que j’ai lus. Il me semble que celui-ci est l’un des meilleurs. On sent la tension monter. On se doute que l’inébranlable va être ébranlé… mais comment ? Je ne veux rien révéler et je félicite votre talent ! Comme je l’ai dit plus haut, il n’est pas question de pardon mais de compréhension, votre analyse, monsieur Yasmina Khadra, me parait plausible et sans vouloir jeter l’anathème à la face de la société je pense qu’elle a sa part de responsabilité, que nous avons tous notre part de responsabilité. Ce qui n’excuse pas, ne cautionne pas mais devrait aider à réfléchir et agir dans le bon sens…
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Créée
le 17 oct. 2018
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