Je vais commencer par admettre un truc : j'aime bien le style Despentes.

Je l'ai découverte avec un librio à 10 Francs, http://fr.wikipedia.org/wiki/Mordre_au_travers Mordre au travers, et les nouvelles sur ces figures de femmes monstrueuses, oniriques et powerful m'avaient vraiment impressionnées, même si je pense que j'étais trop jeune pour tout comprendre (Idem de Truismes de Marie Darrieusecq, je me souviens vaguement d'une piscine et d'un hôtel formule 1 mais je n'ai pas du tout saisi le message intrinsèque du livre).

Après, shame on me, mais j'étais jeune et cruche, j'ai surkiffé les Jolies Choses (avec Cotillard et Ophélie Winter, peur de rien) dans son adaptation ciné.

Du coup j'ai demandé le bouquin à Noël, je l'ai lu et relu plusieurs fois et déjà à l'époque un truc récurrent me surprenait chez Despentes : se coller du moulant partout sur le cul et sur les seins, se pomponner, mettre des talons, c'était se déguiser en pute, subir les regards masculins, MAIS être surpuissante car sexuelle.

Moi à l'époque j'étais un peu choquée par toute cette violence verbeuse, parce que quand je mettais une robe et des talons, c'était pour plaire à mon copain, je sentais beaucoup l'inconfort et le ridicule du truc, et l'impression de déguisement, mais la puissance sexuelle je le sentais pas trop, par contre. J'ai eus l'impression d'avoir raté mon entrée au club des filles.

J'ai encore cette impression.

J'ai cette dichotomie entre "féminité" et "allure féminine". Personnellement mon modèle visuel de la féminité c'est la façon de porter le jean/chemise/derbies de femmes comme Charlotte Gainsbourg dans sa version mince, ou d'Elle Degeneres dans sa version mure, ou de Colette dans sa version vintage.

Bref, je comprenais pas cette partie du discourt de Despentes, et il tient quand même une place assez conséquente dans King Kong Théorie.

Comme Despentes, je vais pas juger les coquettes, les midinettes, les blogueuses modes, les meufs qui commandent pour 350 balles de fringues sur asos tout comme je ne vais pas juger celles qui ont trois jeans et trois pulls dans leurs armoires. J'ai autre chose à foutre, à vrai dire, même si je tique souvent.

Comme Despentes, je vomis le discourt normatif des médias féminins qui te disent comment t'habiller pour être une vraie femme, comment jouir, comment te comporter, comment bosser, comment élever tes mômes. Et ça va au-delà des medias féminins, c'est globalement toute l'opinion publique qu'il faudrait conchier, tous les jours.

Ce n'est pas une bible du féminisme, selon moi, c'est une (très réussie) auto thérapie par l'écriture sur une méthode de reconstruction sex positive après un viol. Pourquoi elle a écrit et réalisé Baise-moi et quel était le véritable message de son œuvre (j'ai trouvé ce message forcément très intéressant, encore que je ne sois pas vraiment convaincue par la forme). Une réflexion un peu plus étendue sur sa propre place de femme aujourd'hui. Comment être Virginie dans le corps de Virginie.

Je pense que King Kong théorie aurait pu avoir sa place sur le blog I LOVE YOU SO qu'elle tenait au début des années 2000. C'est confessionnal. Ca a dû lui faire du bien, et c'est sans doute son meilleur bouquin. C'est bien qu'il soit diffusé, et lu largement, je pense qu'il peut réellement provoquer un déclic.

Cependant, ce livre, qui semble avoir été une totale révélation pour beaucoup de mes consœurs, ne m'a strictement rien appris. Peut-être parce qu'intimement, j'étais déjà consciente de tout ça.
LioDeBerjeucue
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le 11 mars 2013

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