Comme le souligne à juste titre Gallmeister, la maison d’édition qui publie ses ouvrages en France, David Vann n’a pas son pareil pour sonder les abysses de l’âme humaine. Komodo, le nouveau roman de l’auteur américain (et publié en avant-première dans notre pays), confirme cette prédisposition et plonge le lecteur dans la psyché d’un personnage à bout de souffle en même temps que dans les eaux paradisiaques indonésiennes.
Sur l’invitation de son frère aîné Roy, Tracy quitte la Californie et rejoint l’île de Komodo, en Indonésie. Pour elle, délaissée par son mari et épuisée par leurs jeunes jumeaux, ce voyage exotique laisse espérer des vacances paradisiaques : une semaine de plongée en compagnie de requins et de raies manta. C’est aussi l’occasion de renouer avec Roy, qui mène une vie chaotique depuis son divorce et s’est éloigné de sa famille. Mais, très vite, la tension monte et Tracy perd pied, submergée par une vague de souvenirs, de rancoeurs et de reproches. Dès lors, un duel s’engage entre eux, et chaque nouvelle immersion dans un monde sous-marin fascinant entraîne une descente de plus en plus violente à l’intérieur d’elle-même, jusqu’à atteindre un point de non-retour – quatrième de couverture.
COMMODO
Tel un boîtier électronique, Komodo renferme tous les ingrédients qui font des romans de David Vann des ouvrages essentiels. Une situation familiale difficile, un personnage à bout de souffle et à la limite du point de rupture, et une plume rêche qui maintient le lecteur en apnée. Petit à petit, Komodo se dirige vers le drame, vers l’inéluctable ; à mesure que Tracy se rend compte qu’elle est prisonnière de sa vie, coincée entre des enfants ingrats et un mari absent, le récit prend une tournure dramatique. Une fois de plus, David Vann signe un roman où la tension est palpable et jubilatoire.