Kukum
7.9
Kukum

livre de Michel Jean (2019)

Devant le lac Pekuakami (le lac Saint-Jean au Québec) Almanda se souvient. Elle repense à sa rencontre avec un chasseur innu et à leur amour qui lui a fait embrasser une vie de nomadisme. En rejoignant le clan des Atuk-Siméon, elle qui ne connaissait que le travail des champs, découvre les secrets de la forêt. Elle assiste aussi à la fin du mode de vie des innus qui furent contraints à la sédentarité. Almanda est l’arrière grand-mère de l’auteur et le livre est emprunt de la tendresse qu’il lui porte.
Avec Almanda, nous remontons les rivières pour atteindre le territoire d’hivernage de son clan. Elle y apprend les techniques artisanales, la langue des innus et la chasse. Elle découvre une culture où la nature est centrale. Les innus rendent hommage aux animaux qu’ils tuent pour se nourrir et respecte l’équilibre de la forêt. C’est un peuple qui portent des légendes ancestrales transmises de générations ne générations et qui façonnent leur vision du monde. La description de la vie dans la montagne est faite d’une manière extrêmement poétique. L’auteur fait apparaitre la magie des lieux. La nature se déploie autour d’Almanda et des siens, devenant un personnage à part entière du récit.
Très vite les signaux d’un changement de vie apparaissent. Les colons se font plus nombreux et les innus finissent par être obligés de se sédentariser. Le récit devient alors plus triste, plus dur mais jamais nostalgique. Almanda pose un regard plein d’espoir et d’amour sur la vie. Elle raconte les pires moments de sa vie mais jamais elle ne se dépare de sa bienveillance et de son optimisme. Ce roman propose un témoignage fort qui pointe les conséquences désastreuses d’un changement de vie brutal et imposé sur les peuples autochtones. La quête d’expansion et de profits des colons semble bien dérisoire face à ces individus porteur d’une culture si riche. Dès le début de son récit, Almanda laisse présage le destin tragique de son peuple et la description de ce mode de vie si fragile n’en ai que plus émouvante.
La lecture de ce livre a été pour moi un grand moment d’émotion. J’ai tout de suite été immergée dans l’histoire au point de rêver de montagnes enneigées et de rivières à remonter en pirogue. J’ai pris un plaisir énorme à lire ce livre où à chaque page transparaissaient la bienveillance et l’intelligence d’Almanda. Le lecteur s’embarque dans un voyage inoubliable et immersif porté par l’écriture extrêmement poétique de Michel Jean.
Kukum est un bijou, un livre inoubliable car infiniment touchant. C’est à la fois une témoignage précieux d’un peuple autochtone et le récit d’une vie hors du commun. Almanda restera longtemps présente en moi.

Anaïs_Alexandre
10

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Créée

le 16 févr. 2021

Critique lue 680 fois

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