Jacques Lacan a consacré un séminaire à la lettre volée d'Edgar Poe mais il semble ne jamais s'être penché sur ce petit recueil de nouvelle qui pourtant ne manque pas de questionner. Je ne suis pas capable de fournir une analyse complète mais je propose d'exposer quelques faits qui ne manque pas de questionner.
Une nouvelle retient mon attention, elle s'intitule "les douze Africaines de Béchoux" il s'agit au départ d'un problème assez classique de la littérature policière de type chambre close. Un vol d'une importante quantité d'action a eu lieu dans une maison dont toutes les entrées et sorties sont contrôlées. Mais l’intérêt de cette histoire est autre, il se situe dans le dénouement proposé les valeurs dérobés sont sorties de la maison dans le portefeuille d'un député influant puis elles sont récupéré par le détective Barnett / Lupin. A la fin le député en lieu et place des documents n'a plus que des vieux journaux mais c'est sans importance puisque tout le monde croyant à la réalité des documents il conserve toute sa puissance.
"Lorsque Touffémont, hier soir, à la chambre des députés [...] a déposé sur la tribune son portefeuille d'ancien ministre, le ministère s'est senti perdu. Que de documents accablants devait contenir le portefeuille du grand travailleur ! Que de chiffres ! Que de statistiques Touffémont le déplia, mais ne tira rien de ses deux poches gonflées. De temps à autre, tout en parlant, il appuyait la main sur le portefeuille, avec l'air de dire : "Tout est là." Or, rien n'était là que les douze Africaines de Béchoux, les titres de Gassire et de vieux journaux. C'était assez. Le portefeuille de Touffémont fit tomber le ministère"
On se trouve dans le cas inverse de la lettre volée le document capital n'est pas là sous les yeux mais détruit envolé et remplacé par des titres bancaires (du vil argent) puis par du papier sans valeur mais sa valeur symbolique demeure dans toute sa puissance le secret n'existe pas par essence mais existe par le fait que l'on croit en son existence. Quel dommage que Jacques ne l'ais pas lu ....