Borges a une place spéciale chez moi puisque Fictions compte simplement parmi mes livres et mes récits favoris.
Hélas, j'ai détesté la lecture de ce recueil de nouvelles et seul l'Ecriture du Dieu est vraiment parvenu à me faire sortir la tête de l'eau et à m'enchanter. La réalité est que si les récits de L'Aleph sont courts, ils dégagent une lourdeur paradoxale, une densité, par la compression et le nombre de références chaussées de force dans chaque paragraphe et parfois dans chaque phrase.
Trop souvent, Borges semble d'avantage passionné par l'étalement débridé de ses connaissances élitistes en histoire et en littérature que par la mise en oeuvre d'un récit immersif, ce qui donne la désagréable impression que personne ne pourra aussi bien savourer ces histoires que Borges lui-même et son cercle littéraire.
Pour nous autres humains du 21ème siècle, il nous faut nous accrocher tant bien que mal au fils rouges, souvent ensevelis ou tiraillés dans diverses directions au gré des pulsions orgasmiques de l'auteur... Certes, ses phrases sont dynamiques et souvent brèves, mais ce name-dropping et ces apartés à n'en plus finir m'a juste donné l'impression de traverser une jungle en moto en me prenant un flot infini de branches en plein visage.