Comptant parmi les romanciers français les plus reconnus du genre policier, Maxime Chattam s’est aussi illustré par l’entremise d’Autre-Monde, une saga littéraire fantastique aux forts accents « jeunesse ». Avec pas moins de sept opus répartis entre deux cycles, assortis d’un huitième isolé, il ne s’agit en rien d’une lubie de l’auteur donc la démarche rappelle fortement celle de Stephen King : mais La Tour Sombre évoluant dans un tout autre registre, approfondir la comparaison n’aurait que peu de sens.
À raison de plus que L’Alliance des trois, volet introductif d’Autre-Monde, n’est pas des plus convaincants : un constat résultant autant de la forme que du fond, ce premier tome faisant mine de partir dans tous les sens avec un soupçon de candeur trompeuse, le style de l’auteur hautement enfantin ne seyant pas au cadre post-apocalyptique qu’il a pourtant dressé. Tout n’est cependant pas à jeter, son postulat prometteur empreint de mystères et son imagination déjà fertile laissant entrevoir un beau potentiel.
En l’état donc, c’est la circonspection qui domine : le trop-plein d’enjeux abordés, entre science et magie, manichéisme commode et dangers multiples interroge quant au doigté de l’auteur, d’autant plus qu’il s’empêtre ici dans moult poncifs et références sabordant en partie son originalité. S’il sollicite avec une certaine réussite notre curiosité, la quête de Matt, Tobias et compagnie semble disposée à rapidement s’éparpiller, l’amoncellement d’éléments perturbateurs de natures variées ne l’illustrant que trop bien – l’écueil du ressort prophétique rôde.
Reste donc à voir ce qu’en fera véritablement Chattam, son univers généreux possédant les ingrédients pour dépasser sa condition d’œuvre jeunesse oubliable, à commencer par de concrètes réflexions matures… qu’il effleure dans L'Alliance des trois avec un brin de maladresse.