L'amant japonais ne marque pas le grand retour d'Isabel Allende puisqu'elle n'était pas partie, mais cela faisait bien longtemps que la romancière chilienne n'avait pas signé un livre aussi captivant. Bien sûr, la magie de La maison des esprits et d'Eva Luna n'est plus vraiment au rendez-vous mais il y a dans sa dernière oeuvre de quoi contenter les amateurs de belles histoires romanesques qui jouent avec la géographie (Californie, Moldavie, Pologne, France ...) et l'histoire (La deuxième guerre mondiale). Alma, Irina, Seth, Isaac, Ichimei, ... Les héros de l'amant japonais sont multiples dans des intrigues croisées, à la chronologie bouleversée, pour un suspense romantique qui se dénoue dans les dernières pages. Isabel Allende demeure une conteuse hors pair qui s'aventure dans le domaine des amours interdites, forcément les plus belles parce que les plus complexes. L'amant japonais est aussi un livre sur la vieillesse et la mémoire, sur l'intolérance et le racisme. A ce titre, les passages qui racontent la vie des citoyens américains d'origine japonaise, parqués en Amérique dans des camps de concentration durant la guerre, sont particulièrement saisissants. Epopée intime et rocambolesque, puzzle des souvenirs et des romances plus fortes que la mort, L'amant japonais est une lecture au long cours, sinueuse et passionnante.