Si le titre du dernier roman de Bégaudeau peut prêter à sourire tant : l'amour c'est à la fois suranné et un peu prétentieux, il convient parfaitement à ce qu'il raconte : une histoire d'amour, mais pour une fois une c'est une histoire d'amour totalement banale. Des personnes qui se rencontrent, qui passent leur vie ensemble et qui finissent par mourir.
Le roman est très court (moins de 100 pages sur mon édition numérique) et c'est je pense l'une de ses forces parce qu'au début il semble prendre le temps de jouer avec le lecteur, le temps de placer les conditions de la rencontre amoureuse entre une femme qui fait le ménage dans un gymnase pour aider sa mère et un beau joueur de basket... Sauf que ce n'est pas parce que quelqu'un a le béguin que tout à coup c'est réciproque et qu'ils vont passer leur vie ensemble.
J'aime cette justesse. Parce que finalement la rencontre entre l'héroïne et son futur époux est beaucoup moins sensationnelle, elle semble se faire comme ça, sans en rajouter, sans sentimentalisme. Et puis le roman qui semblait prendre un peu son temps pour quelque chose d'aussi court se met soudain à accélérer, le temps passe et d'un paragraphe à l'autre il peut se passe plusieurs années sans que l'on ne s'en rende compte. On a quelques indices (des films, des événements sportifs...) mais l'année ne sera jamais nommée explicitement.
La courte durée du roman évoque en quelque sorte à un momento mori. Plus ça va, plus le temps accélère et surtout il ne se passe rien de bien extraordinaire. Juste les personnages vivent comme beaucoup vivent vraiment leur vie et puis tout à coup c'est fini. Les dernières pages sont réellement touchantes pour ça, parce qu'il ne semble pas y avoir de changement de style, de rupture, de signe annonciateur... Il y a vraiment une dimension humaine, très terre à terre, dans la vie parfois on tombe malade sans crier gare et on en meurt.
Et en refermant le bouquin on a cette impression que Bégaudeau a réussi à capter avec justesse ce que c'est qu'une vie passée aux côtés de quelqu'un et rien que pour ça, c'est vraiment pas mal.