A l'inverse de beaucoup de lecteurs, j'apprécie quand l'auteur s'insère dans la trame narrative et livre ses sentiments. Je n'ai a priori rien contre l'autofiction.
J'ai donc cru que j'allais aimer ce roman.

La plume était maîtrisée, l'intrigue avait du potentiel. J'ai entendu dire que ce livre n'était pas facile d'accès, mais il ne m'a pas semblé particulièrement complexe : je me suis plongée dedans très facilement, même si je mettais du temps pour progresser. En bref, "L'amour et les forêts" avait tout pour me plaire.

Et pourtant, non. Ce roman ne m'a pas particulièrement plu. Il présente de beaux passages ainsi qu'une apothéose, qui est pour moi ce moment où Jean-François harcèle sa femme et livre un monologue logorrhéique qui s'étend sur plusieurs pages, où tout se lit rythmiquement, en apnée, d'un oeil mi-sidéré, mi-amusé...
Mais après, le soufflé retombe.

Il est des auteurs qui sont capables d'ériger des romans à ne parler que de l'inertie ou la vacuité et qui subjuguent par leur talent. Des auteurs qui peuvent écrire 300 pages sur le vide et dont l'élan contemplatif assorti de la précision et la beauté du vocabulaire émmerveillent. Malheureusement, Reinhardt m'a peu convaincue sur cet exercice. Il tente de construire son livre sur la stagnation de son personnage principal, mais n'échappe pas lui-même à l'enlisement : l'écrivain patine. Plus le roman avance, plus les mots sont pesants, coûteux, ennuyeux. Le livre devient répétitif, verbeux : comme @Shonagon le dit, l'auteur donne l'impression de se regarder écrire.

Finalement, je déplore plein de choses : l'invraisemblance de certains personnages, trop caricaturaux (Jean-François, sa fille Lola, et parfois même Bénédicte elle-même !), l'impossibilité de s'attacher à ceux-ci, le fait de ne pas avoir même versé une larme alors que je suis d'habitude une grande pleureuse, les longueurs à mon sens parfaitement dispensables du récit, la fin - une parenthèse - d'une mièvrerie passablement vomitive...

Bref, j'espérais pouvoir être bouleversée ou au minimum troublée par ce livre, mais c'est le calme plat.
Je n'ai pas pu m'impliquer, et c'est forcément dommageable. Une déception.
Reka
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le 26 nov. 2014

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