Est-il encore besoin de présenter l’Anneau-Monde ? Peut-être pas. Est-il encore nécessaire de le lire ? Peut-être pas non plus.
Sur Terre en 2850, Louis Wu fête son 200e anniversaire, grâce à l’épice de longévité. Il est engagé par Nessus, un Marionnettiste de Pierson, extraterrestre à deux têtes et trois pattes. Se joignent encore à l’équipe Teela Brown, la petite amie de Louis, et Parleur-aux-Animaux, de la planète Kzinti. Le but de l’expédition est l’Anneau-Monde, un gigantesque anneau artificiel découvert par les Marionnettistes. Le vaisseau est abattu et s’écrase sur l’Anneau. L’équipage devra alors trouver un moyen de repartir, et d’affronter les dangers et les mystères de ce monde si singulier…
L’Anneau-Monde est un des romans emblématiques de la hard science. Le lecteur sera dès lors abondamment abreuvé (saoûlé ?) de données techniques, d’explications concernant des technologies nouvelles, de discussions d’ingénieurs à propos de telle ou telle éventualité, … Le rythme du récit en souffre donc forcément, d’autant plus que l’auteur nous propose une très longue phase d’exploration de l’Anneau, au cours de laquelle il ne se passe pas grand chose.
Et quand l’action rebondit enfin, c’est souvent décevant : perturbations météorologiques, plantes tueuses, tribus de sauvages, … On se demande parfois : tout ça pour ça ? Les personnages se perdent en conjectures à propos de l’espèce qui a construit l’Anneau, ses motivations, ses capacités technologiques ou son histoire. Or, la tension censée animer le roman repose en partie sur cet aspect. Quelques éléments sont livrés au compte-goutte, et encore ces éléments ne sont-ils pas tous dignes de confiance. Le livre se termine sans réelles réponses, et on le referme en ayant l’impression d’avoir assisté à une fouille archéologique qui nous laisse plus de mystères qu’avant le début des travaux… Rendez-vous avec Rama, quelqu’un ?
Reste dès lors le devenir des personnages : vont-ils s’en sortir, et si oui, comment ? Malheureusement, cet aspect ne suffit pas à sauver le roman, entre incohérences, raccourcis, platitudes et frustrations. Car un des gros défauts de L’Anneau-Monde est la piètre qualité de l’écriture, brouillonne, confuse, désordonnée, elle n’est très clairement pas à la hauteur de l’imagination de Niven.
Le roman comporte pourtant plusieurs thèmes intéressants, des concepts brillants, des épisodes historiques passionnants, qui ensemble ne forment malheureusement qu’une toile de fond à l’exploration somme toute assez ennuyeuse de l’Anneau-Monde.
Prix Nebula du meilleur roman en 1970, prix Hugo et Locus en 1971, ce classique a marqué durablement le monde de la SF. Il a notamment inspiré les Orbitales de Iain Banks, un hommage en forme de satire avec le Disque-Monde de Terry Pratchett, de nombreux jeux vidéos (Halo, Stellaris, …), plusieurs jeux de plateau et un jeu de rôle, et on parle depuis longtemps d’adaptation à l’écran (en film d’abord puis en série chez SyFy et Amazon). Il a aussi donné naissance à un roman graphique à la qualité fort peu enthousiasmante.
Larry Niven : L’Anneau-Monde – 1970
Originalité : 4/5. Space opera classique mais cohérent, centré sur une structure unique à l’époque. Une idée de départ brillante.
Lisibilité : 2/5. On s’ennuie beaucoup et l’écriture est poussive.
Diversité : 2/5. Il est très difficile d’éviter la lassitude, dès après le premier tiers du livre.
Modernité : 2/5. Le roman a marqué son époque mais il est devenu très difficile à lire avec plaisir aujourd’hui.
Cohérence : 2/5. On ne trouve aucun sens à la conception de cet anneau, et certains aspects du récit sont franchement risibles.
Moyenne : 4.8/10.
A conseiller si vous êtes un inconditionnel de hard science et de space opera. Inconditionnel au sens littéral du terme.
https://olidupsite.wordpress.com/2019/08/04/lanneau-monde-larry-niven/