Dans le Cuba des années 50, l'éveil au désir d'un garçon de 15 ans. Souvenirs revisités par un narrateur vieillissant et depuis un certain temps exilé. On n'est pas obligé de voir dans L'année du calypso un roman autobiographique d'Abilio Estevez, désormais citoyen espagnol, mais nul doute que les saveurs, les odeurs et les pulsions décrites par l'auteur ont quelque chose (beaucoup) à voir avec sa propre mémoire et/ou expérience. L'adolescent en question, surnommé Chatterley par sa soeur, pour son trouble devant les gestes du jardinier, va apprendre à devenir un homme en découvrant sa libido et, en particulier, sa préférence pour les hommes. L'année du calypso n'est pas pour autant un livre gay, il est avant tout un hymne à la sensualité tout autant qu'un témoignage sur une époque quasi paradisiaque (pour le jeune homme) puisqu'il y fait l'apprentissage de l'amour physique sans se soucier de l'environnement social et politique qui le rattrapera bien assez tôt. Le récit, que l'on qualifiera aisément d'érotique pour sa verdeur, est surtout empreint de poésie et de "tropicalité", d'humour aussi, dans une veine qui le rapproche, toutes proportions gardées, d'un Jorge Amado. On pourra être sensible au style de Estevez, charnel et moite (dans la description de la luxuriance de la nature). On sera sans doute moins séduit par l'aspect répétitif des scènes lestes, d'une invariable crudité.