Nous pourrions résumer ce livre sous le titre de « la mauvaise foi de Nietzsche ». Le procès qu'il intente contre le christianisme s'avère absurde sur tous les plans. Tout d'abord, il confond les causes et les effets (étrange ironie) en attribuant au christianisme l'origine des valeurs qu'il prône comme l'humilité, la pitié, l'ascétisme. Quoi ? Ne sont-ce pas déjà là des vertus prouvées de l'antiquité gréco-romaine (jusqu'à même supposer que la compassion soit une valeur instinctive) ? À quoi serait due par exemple la magnanimité (ô combien couteuse) de César envers Brutus et Cicéron ? Le christianisme a justement dépassé la philosophie antique de classes en offrant la chance à chaque individu d'être considéré en tant que tel, c'est lui qui a véritablement donné naissance à l'humanité. Le christianisme a-t-il défavorisé la connaissance pour se conserver ? Voilà une vision bien simple et tellement déformée de toute réalité historique, car à l'instar de l'humanisation du monde, c'est lui qui a le plus œuvré pour la science : cette science qui combattra finalement contre lui. Nietzsche donne une influence grotesquement exagérée du christianisme en omettant le rôle des États et leur méfiance vis-à-vis de l'éducation des peuples. De plus, nous pourrions encore signaler que la philosophie de la Grèce antique, et notamment celle de Platon et d'Aristote, fut à l'origine de la stagnation scientifique. Que c'est par sa redécouverte à la Renaissance que son modèle a pu être critiqué et dépassé. En bref, qualifier le christianisme d'« unique et l’immortelle flétrissure de l’humanité » est un contresens absolu.
Pourquoi Nietzsche s'en prend-il de façon obsédée au christianisme ? Nous l'avons déjà indiqué à maintes reprises, il se voit prophète et par ce fait, il se doit de critiquer la religion dominante en déclin pour lui succéder. Il y a longtemps déjà que la folie s'était emparée de Nietzsche, souligner ses incohérences comme son soudain égard pour la raison et la science ne se révèlerait pas plus pertinent. Nietzsche se prête à mille et une interprétations tant sont truffés ses différents recueils de contradictions ; le moyen que ce ne fût pas le cas sans système ? De tous les textes que j'ai pu lire de Nietzsche, c'est de loin le plus inintelligible, désagréable à lire, et surtout sans idée neuve. Il n'y ressasse que sa haine et sa folie, pauvre de lui, dira-t-on, mais en réalité, ce qu'il faudrait plaindre, ce sont toutes ces races dégénérées qui l'auront lu consciencieusement, avec la conviction qu'il a énoncé des vérités. Définition du nietzschéisme : gouvernement des malades, par des malades, pour des malades.