L’Anti-Magicien raconte l’histoire de Kelen, fils du plus grand mage de son clan, dont les pouvoirs déclinent de jour en jour à l’approche de ses seize ans. S’il ne les recouvre pas, il sera donc incapable de passer les épreuves l’officialisant en tant que mage et finira serviteur toute sa vie, sort peu enviable pour quelqu’un de sa condition.
Cela faisait un bon moment que je n’avais pas lu de roman jeunesse (le dernier étant probablement le dernier tome d’Eragon au moment de sa sortie), et le pitch de celui m’attirant, je me suis laissé tenter. Mais ne vous y trompez pas, le quatrième de couv ne reflète que les premiers chapitres, le plus clair du roman s’en éloigne et les intrigues de cour sont basiques au possible.
Le gros point fort du roman, c'est sa narration et le rythme en découlant, on ne s’ennuie jamais, chaque fin de chapitre donne envie de se lancer dans le suivant. C’est rapide et efficace, sans pour autant être bâclé au niveau des intrigues. L’auteur place quelques cartes qu’il retourne plus loin dans le roman donnant des twists parfois surprenants
(la raison de l’absence de magie de Kelen, l’ombre au noir, l’identité de Furia, la vérité concernant les Mahdek par exemple)
mais téléphonés pour d’autres
(Abydos et sa révolte)
Malheureusement ce rythme est à certains moments trop rapide, certaines scènes auraient au contraire bénéficié d’un peu plus de temps et auraient dû être moins expéditives. Je pense notamment à la scène où
Kelen se fait tatouer ses contre-sigils,
passage central du roman où l’on a pas mal de révélations. Pour un passage aussi important, il aurait gagné à être plus long et plus démonstratif. Et ce n’est pas la seule scène, le dernier tiers du roman se déroule sans pause, sans que Kelen puisse faire une introspection, ce qui est aussi l’un des intérêts de la première personne.
L’autre point fort du roman c’est le personnage de Kelen. Malgré toutes les emmerdes qui lui tombent dessus, il ne verse que rarement dans l’auto-apitoiement et essaie plutôt de s’en sortir en utilisant ce qu’il lui reste quand on est dépourvu de magie : son intellect et ses combines (pas toujours très originales, avouons-le, mais ce n’est pas là l’intérêt). Mature, attachant et plein d’humour et d’ironie c’est typiquement le genre de narrateur qui marche sur moi.
Les autres personnages sont globalement bons et variés. Certains sont des anti-clichés (les parents bienveillants, le meilleur ami loyal, le familier obéissant), d’autres des clichés assumés, en tout cas pour le moment (le rival, la copine, la sœur, la vieille mage). Seul le personnage de Furia échappe à cette catégorisation car il est vraiment différent des autres et reste assez mystérieux, j’imagine qu’on en apprendra plus sur elle dans les prochains livres.
Pour terminer j’ajouterai que l’un des rares défauts que je trouve au roman c’est son univers, qui n’est pas vraiment exploité, et ne donne pas vraiment envie d’en connaître davantage. Je me doute que ce ne sera pas le cas dans les prochains tomes, mais le premier tome est censé donner envie d’en savoir plus justement. Ici ce n’est pas mon cas, j’ai l’impression que l’auteur a plus donné la part belle aux personnages et à son intrigue qu’à son univers (ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose remarquez).
La société Jan’Tep au cœur de ce premier tome n’est pas follement originale, c’est du déjà-vu, la caste dominante et hautaine, la caste opprimée et malheureuse et le héros qui va devoir jouer sur les deux. En revanche j’ai bien aimé tout ce qui tournait autour des Argosi, l’auteur arrive à leur donner un vrai intérêt, et j’espère que par la suite, l’auteur corrigera le tir sur un certain nombre d’aspects, tout en conservant ce qui fait le sel de la série.