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De tous les livres de José Carlos Somoza, L'appât est sans doute celui qui se rapproche le plus d'un thriller. Mais, revu et corrigé par l'auteur madrilène qui semble avoir pour objectif principal de subjuguer le lecteur avec des péripéties dont un 1/10ème suffirait à faire un polar mouvementé. L'action du roman se situe dans un futur proche, dans la capitale espagnole traumatisée quelques années plus tôt par un attentat nucléaire terroriste. La technologie n'a cessé de progresser, mais toutes les innovations semblent s'annihiler et sont totalement assimilées par les criminels. Du coup, la police a décidé de s'en remettre à l'étude de la psychologie humaine en créant de toutes pièces des "appâts" vivants, hommes ou femmes rompus dès leur plus jeune âge à composer des "masques" censés correspondre aux désirs les plus profonds des délinquants traqués, de façon à soumettre leur volonté, en contrôlant leurs pensées et émotions. Placée en exergue du livre, cette citation de Shakespeare donne le ton : "Le monde entier est un théâtre, et tous, hommes et femmes, n'en sont que les acteurs." Tous les chapitres de L'appât renvoient, explicitement, à l'une des pièces de Shakespeare. Est-ce que c'est clair ? Non, mais le livre pas toujours non plus, distillant ses informations avec parcimonie. Une fois les bases du "jeu" plus ou moins comprises, il est bon de se laisser entraîner par Somoza dans une histoire labyrinthique, dont lui seul a les clés. L'écrivain se déchaîne dans la dernière partie du livre avec une invraisemblable cascade de rebondissements et de retournements de situations et une bonne demi-douzaine de fausses fins. C'est du grand Guignol, mais on en redemande. Le théâtre (shakespearien) et la réalité ne font plus qu'un dans ce livre halluciné et hallucinant.

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le 16 févr. 2017

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