Maxime Chattam est un honnête homme, même s'il est un piètre écrivain. En tant que tel (en tant qu'honnête homme…), il est clairement tourmenté par les mêmes doutes que la plupart d'entre nous, quant à l'avenir de la démocratie soumise à la pression du terrorisme islamiste d'un côté et à la montée du populisme de l'autre. Et il a donc fait de ses interrogations un livre - après tout c'est son métier… -, ce qui lui permet de mettre dans la bouche de ses personnages - une gendarme qui est également profiler, déjà vue dans au moins l'un de ses précédents ouvrages, et un agent de la DGSI - ses opinions et ses interrogations, toutes très respectables... même si les dialogues qui en résultent sont d'une totale artificialité.
Bon il lui a quand même fallu construire autour de ce thème une intrigue de thriller, et c'est bien là que le bât blesse : on a d'abord droit durant la première moitié du livre à une "banale" histoire de serial killer, réglée de manière opportune pour sauver notre gendarmette (Chattam nous explique en postface qu'il a n'a pas voulu ajouter à la noirceur de son sujet trop de drames pour ses personnages... fair enough !), puis à une seconde moitié - sur les tentatives d'attentat islamistes, donc - qui se raccorde mal à la première et semble emprunter son personnage principal, le "terroriste zéro" au fameux "Je suis Pilgrim" de Terry Hayes. Le final à tiroirs peine malheureusement à convaincre, tandis que les dernières pages reviennent sur la fatigante obsession de Chattam pour le "Mal"... Le tout est donc un gloubi boulga indigeste, inévitablement empiré par les scories stylistiques de l'auteur, qui sombre régulièrement - et comme d'habitude - dans le ridicule avec des envolées aussi maladroites qu'emphatiques.
Bref, sur un sujet passionnant, "l'Appel du Néant*" s'avère l'un des plus mauvais livres de Chattam, qui en compte quand même déjà pas mal dans sa bibliographie…
[Critique écrite en 2019]