C'est en écoutant une émission culturelle à la radio – si, si, ca m'arrive souvent – que j'ai entendu pour la première fois le nom de Joe R. Lansdale. On y présentait alors son dernier ouvrage et il y eu quelques remarques sur son « Arbre à bouteilles » qui avait alors marqué les mémoires des chroniqueurs. Ce genre de signe ne trompe pas le lecteur avide que je suis. Il me le fallait. Quelques mois plus tard, « L'arbre à bouteilles » a rejoint ma bibliothèque et je me le réservais pour mes vacances normandes.

C'est la première des quatre aventures que Lansdale écrivit sur le duo improbable que forment Hap Collins et Leonard Pine. En effet, que peut bien rapprocher Hap le blanc dragueur invétéré et Leonard le noir homosexuel ? Ces deux-là ont un passé qui les lie durablement comme on le découvre. Ils ont tous deux le goût de la baston malgré la jambe de Leonard mais ils sont presque des frères tant leurs vies sont liées.

Aussi, lorsque l'oncle Chester meurt et laisse un petit pactole et une vieille bicoque à retaper à Leonard, ce dernier n'hésite pas un instant pour convier Hap à partager sa sueur dans la réparation de la maison. Au centre de la cour se tient un arbre à bouteille. Une vieille légende veut que ce poteau sur lequel des bouteilles sont fixées à des pointes capture les âmes errantes.

Certes, le fait d'avoir une maisonnée de dealers bruyants n'est pas pour rassurer nos amis, mais ce sera la découverte sous le plancher d'un coffre renfermant un cadavre qui va les projeter dans une enquête que l'oncle Chester leur avait mis de côté. Hap tombe amoureux de l'avocate noire qui s'est occupée de la succession. Ainsi ce roman traite aussi des préjugés raciaux et des relations intercommunautaires dans ce sud des Etats-Unis qui garde toujours quelques vieux relents nauséeux d'avant le Mouvement pour les Droits Civiques.

On s'attache facilement aux personnages de Lansdale même s'ils peuvent sembler simplistes de prime abord. Les expressions et la truculence de certaines de leurs répliques donnent à ce roman une dimension supplémentaire car l'aspect policier est trop convenu. L'enquête n'est pas passionnante car les coupables sont facilement repérables, même si l'auteur a réservé une petite surprise à la fin. On gardera surtout de ce roman l'ambiance propre à Lansdale qui sait mettre le lecteur à l'aise tant il fait montre d'un réel talent de conteur. Après « L'arbre à bouteilles » on retrouvera nos deux compères dans trois autres aventures : « Le mambo des deux ours », « Bad chili » et « Tape-cul » pour lesquels j'ai du mal à dissimuler ma hâte de plus-que-les-feuilleter prochainement.
Bobkill
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le 11 déc. 2010

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