Le roman commence avec la présentation de différents personnages, si comme souvent, l'auteur se veut un peu cosmopolite, rapidement les USA reviennent en force surtout avec Adam qui outre sa nationalité est lui aussi standard comme le personnage sans âme asocial qu'on retrouve souvent. On n'avait pas vu non plus le vétéran de la guerre depuis un certain temps, on y aura droit ici (son omniprésence dans les oeuvres américaines pourrait d'ailleurs attiré de nombreux commentaires instructifs).
Le drame étant que certains revendiquent placidement leur statut de caricature comme par exemple Ray et Dorothy, le couple de quadra à la recherche de l'entretien de leur flamme.
Malgré la profondeur qu'il tente de leur donner, les personnages restent tout de même des profils bien connus : Neelay est ce nerd surdoué mais avec un bon fond, Patricia, la génie bafouée par ses pairs, ne veut plus rien avoir en commun avec la société tout comme Nick, mec paumé dans un monde trop moderne.
Pour le reste, le roman regorge d'anecdotes fascinantes sur l'univers forestier avec en prime plein de recommandations (Muir notamment).
On sent que l'auteur a dû passer aussi bien du temps avec des chercheurs qu'avec des guides forestiers pour avoir autant d'histoires à mentionner, car on a l'occasion d'avoir des éclaircissements l'évolution des forêts. C'est beau car malgré 7 narrateurs vivant dans le même pays et à la même époque, le texte réussit à nous rendre si minable à travers nos 80 ans d'espérance de vie à côté de ces êtres qui ont souvent plusieurs siècles (rappelons que le récit se déroule aux USA, autant dire que la plupart des arbres évoqués sont souvent plus vieux que ce pays insupportable).
Si le texte nous fait vivre de fascinantes aventures forestières, pour un texte résolument écologiste (certains de nos protagonistes se retrouvant dans de belles aventures militantes), il reste malheureusement assez faible pour ne pas dire carrément absent des autres problématiques environnementales, l'extractivisme forestier est en effet à bannir, mais le pétrolier tout autant sinon plus ; la réflexion anti-capitaliste y est embryonnaire - on sent bien cette habitude américaine de ne pas vouloir trop se mêler de politique - les autre enjeux (régimes alimentaires, modes de vie ultra-consuméristes, dégéneresence cérébrale à cause de écrans...) complètement absents.
On attend l'évidence qui va arriver : à savoir que les protagonistes présentés qui n'ont rien à voir entre eux vont finalement se rencontrer et interagir (principe également trop essoré avec, Sense 8 en Série ou Babel en film par exemple).
De ce point de vue, le texte rend hommage à la splendeur de la littérature en nous racontant la vie de ces marginaux vivant en désaccord avec le reste de la société, tout comme les forêts qui restent pour l'instant à l'écart de notre civilisation.