Après quelques livres qui avaient rallumé notre intérêt pour la prose et les fictions assez barrées de Fred Vargas, il se pourrait bien que "l'Armée Furieuse" soit le polar de trop, celui où l'usure de la mécanique dépasse le supportable, tout simplement. Dans "l'Armée Furieuse", tout est "trop", et cette fois, ce n'est pas un compliment : une abondance de personnages vraiment par trop originaux (dont un grand nombre ne "servent à rien" si ce n'est à crier que Vargas est "originale"), une multitude d'intrigues - quatre au bas mot - qui ne se rencontrent heureusement pas (on en a marre de ce truc désormais généralisé dans le polar actuel) -, mais ne s'enrichissent pas non plus mutuellement, la répétition incessante de situations et de relations (au sein de l'équipe d'Adamsberg) déjà lues et relues dans les livres précédents, le tout déséquilibré par une dramatique absence d'enjeux et une sorte d'encéphalogramme plat de la fiction, immobile comme les vaches de Normandie. Le livre, bien trop long, s' enlisant dans une ambiance paysanne foireuse et artificielle - enrichie (?) de "Contes et Légendes" pour enfants de 8 ans - loin du suspense promis, ennuie profondément, et ce jusqu'à la résolution hautement improbable, et totalement incohérente des deux cas principaux sur lesquels "travaille" Adamsberg. Ne réussissant même plus à nous séduire avec ses habituelles élucubrations, ne sachant ni faire fonctionner les mécanismes les plus basiques du polar, ni nous toucher avec ses personnages tellement improbables qu'ils ne sont plus que des caricatures unidimensionnelles, Fred Vargas semble n'avoir plus rien dans le ventre ni dans la tête. Il est juste temps d'arrêter de lire ses livres.