Ah, Bobo <3
L'histoire : Jacquemort, psychiatre né adulte vide de l'intérieur, se promène dans un random village à la recherche de gens à psychanalyser, pour "se remplir". En marchant tranquillement les mains...
Par
le 16 nov. 2010
11 j'aime
1
Seconde lecture de Boris Vian après "L'écume des jours".
Deux points communs entre les 2 romans :
- l'approche ironique de la société et de la vie en communauté,
- l'utilisation de néologismes qui permettent d'accentuer l'absurdité de la vie : des livres surréalistes en quelques sortes.
Pour le reste, "L'Arrache-cœur" est très différent.
Son ambition aussi du reste puisque ce livre se destinait à être le 1er d'une trilogie qui ne verra pas le jour. La cause à la non reconnaissance de la qualité de sa prose qui va pousser Boris à abandonner l'écriture.
Avant toute chose, point fort de ce livre : son humour (voir la fin de la critique).
Et pourtant les histoires de Jacquemort, le héros, sont très sérieuses pour Boris Vian :
1. elles mettent en scène une critique de la psychanalyse ;
2. elles ont une portée biographique. Le luxe dont bénéficie la famille accueillant le "héros" renvoie en effet à sa famille, tout comme certains métiers cités (le grand père était maréchal ferrant). Luxe que Boris dénonce ici car il lui reproche de l'avoir coupé du monde extérieur ;
3. les discours autour de la honte et de la religion ne parlent vraisemblablement que de Boris lui-même. (je n'ai pas approfondi le sujet, mea culpa ;-) )
Le thème principal évoque lui l'attitude protectrice pour ses enfants d'Amandine - l'hôtesse qui accueille Boris... pardon, Jacquemort. Attitude qui va virer à l'obsession . Elle dira dans son ultime folie :
" Ces enfants me tiennent lieu de tout, ils sont mon unique raison d'exister ; il est juste que, réciproquement, ils s'habituent à se reposer sur moi en chaque circonstance."
Une fois encore, Boris règle ses comptes, lui qui a été choyé et surprotégé par ses parents lorsqu'il est tombé malade à 12 ans.
Du coup, il ne faut pas chercher plus de portée à ce roman. Boris - comme dans l'écume des jours - est le centre du monde. Monde vulgaire et bâtard au milieu duquel il cherche à identifier les épiphanies : le jazz, la littérature, la danse.
Et pourtant si je ne cache pas le peu d'affinités que j'ai pour l'auteur, j'ai accueilli plus favorablement la lecture de ce roman que "l'Ecume des jours".
L'arrache-coeur se lit facilement grâce à son style fluide et bien construit.
Peu de longueurs. Au contraire un joli rythme du fait de chapitres très courts qui donnent envie de découvrir - page après page - les péripéties du psychiatre qui tient rôle de héros.
Certes Boris n'a pas un style encyclopédique foisonnant.
Mais il a le bon goût de trouver moult formules ironiques que je trouve particulièrement rigolotes. Court florilège :
- "Je conteste [...] qu’une chose aussi inutile que la souffrance puisse donner des droits quels qu’ils soient, à qui que ce soit, sur quoi que ce soit."
- "On ne reste pas parce qu’on aime certaines personnes ; on s’en va parce qu’on en déteste d’autres. [...] On est lâche."
- " Cette femme est une sainte, dit le curé. Et cependant, elle ne vient jamais à la messe. Allez donc expliquer ça.
C’est inexplicable, dit Jacquemort. De fait, ça n’a aucun rapport, convenez-en. C’est là l’explication."
Bref, un livre largement biographique, surréaliste, plein d'humour et de subtilités.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste En 2021, les livres de ma bibliothèque que je n'ai pas (eu) le courage de lire
Créée
le 4 janv. 2021
Critique lue 226 fois
2 j'aime
3 commentaires
D'autres avis sur L'Arrache-cœur
L'histoire : Jacquemort, psychiatre né adulte vide de l'intérieur, se promène dans un random village à la recherche de gens à psychanalyser, pour "se remplir". En marchant tranquillement les mains...
Par
le 16 nov. 2010
11 j'aime
1
Je suis un peu triste car Vian fut mon idole pendant toute mon adolescence. J'ai récemment relu l'arrache-cœur et je suis tombé de haut. Certes, les idées fusent ainsi que les situations poétiques...
Par
le 19 mars 2011
8 j'aime
1
Lors d'une promenade dans ce qui semble être un village breton, le héros de notre roman, Jacquemort est attiré par des cris inhabituels provenant d'une maison perchée sur une falaise. Il s'y rend et...
Par
le 21 févr. 2011
5 j'aime
Du même critique
Ils sont des livres dont on se souvient toute sa vie. Mais avec un sentiment de satisfaction modéré, tiède. Celui-ci en fait partie. Et pourtant il était précédé d'une belle réputation - due à de...
Par
le 7 juil. 2021
11 j'aime
10
Lire l'Amant, c'est d'abord faire abstraction du film. Non pas qu'il soit mauvais, Les rythmes, les ambiances, la magie n'y sont juste pas identiques. Lire Marguerite Duras, c'est parcourir des...
Par
le 27 janv. 2021
9 j'aime
7
Ce tome de l'âge d'or est le 2nd de l'histoire et clôture donc magistralement cette quête de pouvoir médiévale. Son graphisme si particulier en est toujours la particularité. Au risque évidemment de...
Par
le 5 déc. 2020
9 j'aime