L'Assassin du roi par Aunbrey
Ce second tome est clairement dans la continuité du précédent livre ; c'est-à-dire, toujours aussi prenant, toujours aussi vivant, toujours aussi excitant, toujours aussi passionnant. J'ai retrouvé avec beaucoup de plaisir l'écriture et l'histoire de Robin Hobb et ça m'enchante toujours autant.
Le premier tome mettait en place le décor et les personnages. On y découvrait de nombreuses descriptions du paysage, des environs, de l'enfance du protagoniste, de ses relations avec les différentes personnes du château, de ses capacités (nouvelles et développées) et de sa place au sein de la cour royale, on y découvrait un univers dans lequel on se plongeait avec délice pour n'en ressortir qu'une fois la dernière page tournée. Ce second tome nous ramène dans ce monde rempli d'intrigues et d'échauffourées mais aussi de loyauté et d'amour. C'est avec énormément de plaisir qu'on y replonge pour y retrouver les personnages tellement appréciés dans le tome précédent ainsi que ceux que l'on a cordialement détesté.
Je fus quelque peu surprise de la facilité avec laquelle je retrouvais mes marques dans l'univers de FitzChevalerie. J'avais quelques appréhensions avant de commencer ma lecture car j'avais laissé passer beaucoup (trop) de temps entre le premier et le second livre, j'avais peur de ne plus me souvenir de ce qu'il s'était passé au cours du tome précédent, de ne plus me rappeler exactement des personnages : de ce qu'ils sont, de qui ils sont, de ce qu'ils ont fait mais finalement, après seulement le premier chapitre lu, j'eus le sentiment de n'avoir jamais complètement quitté les Six-Duchés. L'univers s'est, une nouvelle fois, facilement ré-imposé à moi et j'étais bien contente de m'y perdre encore une fois.
La situation critique aux Six-Duchés ne laisse au lecteur pas le temps de souffler. Il y a toujours un événement, des paroles mystérieuses, une nouvelle mission pour relancer l'action. Pourtant, le livre n'enchaîne pas les combats physiques les uns après les autres. Sur ce point, par rapport au premier tome, ce second livre est plus « calme ». Par contre, la tension est beaucoup plus palpable. Plus noire, plus lourde, plus intense. Les attaques ne se font plus de front, elles sont détournées, elles sont manigancées, elles sont cachées et s'insinuent dans les personnages par palier, au point que lorsqu'on se rend enfin compte qu'il y a quelque chose qui n'est pas normal, c'est déjà trop tard, le mal est fait et ne peut être réparé. Et c'est dans une atmosphère où jeux machiavéliques et complots sont les maîtres qu'on entre, qu'on s'y perd avec bonheur, qu'on s'y noie avec enchantement. Parce que tout est pernicieux, Fitz doit être toujours sur ses gardes, surveiller ses arrières mais également ceux du roi, du prince et des personnes auxquelles il tient. Tout devient plus dangereux.
C'est dans cette ambiance irrespirable de tensions, de doutes et d'incertitude que Fitz reprend sa place au château. Il n'est plus sûr de rien, si ce n'est qu'il fera tout ce qui est en son pouvoir pour protéger les siens et ceux qui lui sont importants et qu'il a décidé de servir. Il a bien grandi et est devenu plus mature et bien qu'il ne soit pas encore un adulte, il commence doucement à voir la toile d'araignée qui se tisse autour de certains personnages et qui sera la cause de leur perte. Il comprend plus facilement ce que les autres lui disent et tirent des conclusions des enseignements qui lui sont donnés. Mais c'est aussi un Fitz irrémédiablement amoureux qu'on suit, un jeune homme qui veut vivre au grand jour son amour, aussi irrationnel que cela puisse être, qui ne veut pas que ses désirs soient bridés ou cachés et qui a bien du mal à tenir les résolutions qu'il s'impose pour leur propre protection. J'apprécie l'évolution constante de son personnage, ses nombreuses remises en question et les interrogations qui l'assaillent avec l'âge. Il se demande si son rôle est nécessaire, s'il ne pourrait pas être utile au royaume d'une meilleure et autre manière, si la situation est si grave, si l'avenir qui se profile à l'horizon sera encore plus noir que ce que le fou tente de lui faire comprendre. Ses interrogations sont légitimes et c'est en même temps que lui qu'on se les pose. Son personnage grandit et j'aime le voir évoluer.
Je ne suis pas sûre de savoir pourquoi j'aime autant Vérité. C'est un personnage qui me touche et qui me plaît énormément par bien des aspects. J'aime son nom, ce qu'il signifie et ce qu'il évoque. Il est humain et a des défauts qu'il ne tente pas de cacher en présence de Fitz, il est faillible et bien qu'il fasse de son mieux, il fait des erreurs. Il n'est pas apprécié à sa juste valeur car ses talents sont cachés et ne sont donc su que de quelques personnes. Il est à la merci des remarques du peuple qu'il tente de protéger. Il agit dans l'ombre et personne ne s'en rend réellement compte. J'ai beaucoup aimé en apprendre plus sur lui dans ce tome et j'espère qu'il en sera de même dans le livre suivant. Ce personnage m'est juste sympathique.
En conclusion, ce second tome est aussi bon que le premier. Différent parce que l'univers est maintenant mis en place donc l'auteur se concentre plus sur les querelles intérieures et extérieures secouant le royaume ; mais tout aussi appréciable. Les intrigues de la cour vont en s'empirant et c'est avec beaucoup d'impatience et d'anticipation que je sens le pire arriver et ça me plaît. J'ai lu ce second tome d'une traite et j'y ai pris énormément de plaisir.