Noir, c'est noir
Le roman noir a ses ténors. La première génération fut reconnue de son vivant : Hammett, Chandler, Burnett ou Cain. La deuxième a dû se résigner à compter sur la postérité pour être reconnue. Hélas,...
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le 29 juil. 2019
Le roman noir a ses ténors. La première génération fut reconnue de son vivant : Hammett, Chandler, Burnett ou Cain. La deuxième a dû se résigner à compter sur la postérité pour être reconnue. Hélas, elle a eu raison. En première ligne sur cette seconde branche figurent Charles Williams, Chester Himes mais le plus emblématique restera Jim Thompson. Pour le dire simplement, Thompson représente un véritable point tournant pour le genre. Une révolution stylistique qui commence d'abord avec les personnages. Au lieu d'éviter les archétypes (le policier, le brigand, le petit malfrat), l'homme de lettres choisit de s'en saisir pour se les réapproprier. À la dure. Commençons avec son opus le plus controversé, L'Assassin qui est en moi.
Je ne ferai pas original, mais bon tout a été dit sur le sujet alors...The Killer inside me prend aux tripes et ne lâche pas, même au bout de ses 230 pages. Il est de ces œuvres qui vous travaillent au corps et tambourinent votre esprit. Et nombreux furent les lecteurs à en rester béats. L'influence du roman, vous la ressentez nettement chez James Ellroy (Un Tueur sur la route) ou Bret Easton Ellis (American Psycho). Stanley Kubrick lui-même en est ressorti bouleversé, au point d'engager Jim Thompson pour co-écrire ses premiers films. Il est en effet peu commun de suivre un vrai tueur en série comme narrateur. Mais pas du genre siphonné. Non, un vrai psychopathe dans son sens le plus strict. Le genre de type insoupçonnable. Beau garçon, apparemment intègre. Derrière, se dissimule un monstre coupé de toute émotion, capable de virer sanguinaire sans prévenir et de l'assumer sans sourciller. Provoquant, pétrifiant et passionnant. On se sent presque sale à l'issue de cette lecture. Coupable ? Assurément. Un lecteur de roman noir, un spectateur, ou même un citoyen lambda peut nourrir une curiosité, un fantasme ou une fascination à l'égard des recoins les moins avantageux. Thompson pousse cet instinct voyeuriste au maximum et nous offre le pire dans sa vérité nue (et de l'humour noir, évidemment). Sans plaisir ni ménagement.
Il est donc préférable de ne pas en savoir trop, mais un aficionado du genre se doit de l'avoir lu. Et après, le relire ? Déjà, il faut encaisser. Mais oui, il n'est pas improbable qu'on souhaite y retourner. L'assassin qui est en moi est une immersion, donc une mine d'émotions fortes. Peu de lectures peuvent se targuer d'en avoir fait autant. C'est noir de chez noir, sévère comme une exécution et vivifiant comme peu de polars. Donc, c'est évidemment incontournable. Pas mon Thompson préféré, mais dans le top 3 sans aucun doute. Et les trois sont des chefs-d'œuvres.
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Créée
le 29 juil. 2019
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