"Toujours le même, Caulfield. Quand vas-tu cesser d'être un môme?"
Faire la critique de cette oeuvre relève d'un défi. Elle est si singulière. Mais on ne reste pas indifférent. C'est tout simplement impossible, me suis-je dit en lisant les dernières pages il y a 5 minutes de cela. Faire une critique à chaud n'est peut-être pas le meilleure moyen d'en parler, mais j'ai besoin de m'exprimer.
NB : Ouais en fait, j'ai commencé cette critique il y a plusieurs mois et je l'a finis maintenant, mais chut.
L'Attrape-Coeurs peut paraître assez simpliste à l'image du style de l'écriture voulu par l'auteur. Il m'a fait penser à cette écriture blanche; vous savez, celle qu'utilise Camus dans L'Etranger. Que ne fut pas surprise de lier alors presque naturellement les deux personnages : Meursault et Holden Caulfield.
Holden peut paraître comme le personnage le plus insignifiant du monde, voire détestable. Il semble détester tout et tout le monde mis à part sa sœur qui l'agace quelque fois. Il semble être détaché du monde et demeure comme un personnage incompris voire incompréhensible tout simplement. Je trouve pourtant que L'Attrape-Coeurs est une véritable fresque dans les méandres de l'être humain. Aussi bien adolescent qu'adulte. Et Holden est le parfait entre-deux, le parfait symbole de cette transition douloureuse à la vie adulte.
Holden se cherche, et cherche à ne pas devenir cet adulte qu'il croise partout, et tout le temps. Néanmoins, il fuit aussi l'adolescence et ses ados futiles et superficiels.
Que lui reste t-il alors ?
Je pense que toute l'oeuvre vise à essayer de répondre à cette question sans vraiment y répondre d'ailleurs. Salinger traduit cet intarissable questionnement par le biais d'un parti pris narratif à la première personne du singulier. C'est une plongée dans la tête de Holden, ce presque-adulte attaché à l'enfance comme attaché à sa petite sœur bien qu'elle l'agace.
Rien n'est un simple hasard, ici encore, tout semble entre entre deux eaux.
On peut tout à fait comprendre pourquoi cette oeuvre attirera toujours les foudres. Le pacte narratif est encore plus fort avec L'Attrape-Coeurs. Holden nous prend par le col, et c'est à nous, à nous de lui tenir tête.
C'est à nous de tenir tête à l'être qui fourmille de questionnements, à l'être que nous sommes.
J.D Salinger nous offre une oeuvre déconcertante de simplicité par sa forme, mais qui se révèle infiniment profonde grâce à son contenu.
C'est un chef d'oeuvre car l'on pourra toujours le relire et y trouver de nouveaux aspects, de nouveaux bouts d'âme éparpillés.