Mon oreille est sourde, c’est une explosion que je viens d’entendre.
Impossible d’y échapper.
Les djihadistes ont encore frappé, dans mon cerveau à la Vice-Versa, remplaçant Joie et Tristesse (ces grosses salopes.)
Je suis trop influençable, pas d’ma faute. C’est l’âge gauche, ingrat physiquement et moralement.
V’là l’incertitude, encore elle, j'm'en serai bien passé. Omniprésente dans cette période de vie durant laquelle est sensée se réaliser « la genèse de la personnalité. »
Putain, c’est le moment où la vie m’offre la possibilité d’affirmation ou de négation de moi-même, de consolidation ou de détérioriation de mon identité. Et moi je suis là, à glander, traîner, rien foutre. Je réfléchis même pas dans le bon sens. Faut pas se louper pourtant.
Dis moi Holden, tu es passé par là avant moi.
C’est la crise la plus lourde de conséquence car fondatrice de mon identité future, et tu sais que j’veux pas finir avec qu’une tristesse clichée dans le cerveau, ou une joie allumée horripilante.
Mais rien n’est perdu, si les étoiles me traversent, je finirai star forcément.
Pourvu juste qu’il reste un peu de moi, après ce big bang identitaire.
- Moi, débile à 15 ans qui se cherchait une contenance.
Mais que Saldinger me rassure, l'adolescent est un être trouble et ambigüe, aux nuances psychologiques complexes, une personnalité traversée par toutes sortes de contradictions qui révéleront un jeune débordé de pensées nouvelles.
Avec Holden, il offre une nouvelle représentation de l’adolescent, c’est un jeune sensible et fragilisé, étranger à lui-même et plein de paradoxe, capable d'être cynique, blasé, romantique, lucide, et de passer d'une candeur enfantine à un désespoir instantané.
Qui ne se reconnaît pas en Holden n'a jamais été adolescent.
Ce petit morveux auquel il est difficile de s'attacher, à qui l'on foutrait volontiers des baffes.
Il peste contre le monde entier sans comprendre les autres, ayant désespéramment besoin de s'accrocher à quelqu'un sans pourtant arriver à s'attacher.
Contrairement à la littérature des voyages initiatiques qui idéalise la découverte de l’inconnu, celle qui traite de la crise adolescente depuis cette représentation par Saldinger, montre un sentiment permanent dans l’identité adolescente : le sentiment d'inadaptation sociale, la marginalité, la révolte illustrée par la critique.
Influençant encore la littérature de l'adolescence, Saldinger montre un Holden en mouvement continuel d'un lieu à l'autre. Le point de départ commence depuis son renvoi du collège, puis s'enchaînent la fugue, les bars, les boîtes, les hôtels et la gare pour tuer l'ennui et fuir la solitude.
On a beau lutter, l'adolescence restera une perpétuelle errance ( avec de l'acné et des cheveux gras).
Et c'est pas fini