J'ai beaucoup aimé ce livre où Annie Ernaux évoque pour la première fois l'existence du premier enfant de ses parents, une petite fille morte à 6 ans de la diphtérie, 7 ans avant sa propre naissance. Elle ne l'appelle jamais "soeur" car, de fait, elles n'ont pas eu les mêmes parents toutes les 2 (étant donné l'écart d'âge entre les deux filles, le deuil entre les deux...). De plus les parents d'Annie n'ont jamais évoqué devant leur fille l'existence de leur première fille. Pour Annie, "l'autre fille" est née et morte en même temps, car ses parents ont voulu la garder tout entière pour eux...
De plus, pour des raisons économiques, les parents d'Annie Ernaux ne pouvaient pas se permettre d'avoir deux enfants, ce qui fait dire à Annie que si elle vit, c'est parce que l'autre fille est morte, elle... Qu'elle restera éternellement une petite fille de 6 ans, bien qu'elle soit sa soeur aînée.
Un très beau texte, empreint de justesse et de mélancolie douce.