L'Écriture ou la vie par Hameçon
J'ai initialement pris ce livre à rebrousse-poil. J'avais lu "Le Grand Voyage" l'année précédente dernier et "L'écriture ou la vie" abordant les mêmes sujets et affichant la même construction fragmentée, j'avais l'impression de lire la même chose ou à tout le moins un semblant de suite. Cette mauvaise surprise passée, j'ai également appris que plusieurs des personnages du livre précédent étaient des inventions. Curieuse découverte quand le thème central du livre semblait être la mémoire et la difficulté de transmettre l'expérience du camp.
Ce fut long, mais un peu avant la moitié du livre, Semprún est finalement parvenu à me convaincre que ce livre était bien différent du précédent. Semprún se sert de l'expérience concentrationnaire pour expliquer son cheminement littéraire. Pourquoi en effet a-t-il attendu 1963 pour publier son premier livre alors qu'avant sa déportation il écrivait déjà et se destinait à l'écriture ? Au travers de réflexions sur la vie, la mort et l'écriture, Semprún réfléchit sur la question et nous livre plusieurs pistes.
Le livre est moins fort que Le Grand Voyage mais son but n'est pas de nous choquer ou de nous émouvoir, pas véritablement. Buchenwald est là, toujours présent mais souvent en filigrane pour éclairer autre chose. Le style est toujours agréable mais j'avoue volontiers avoir été rebuté par le côté "people" du livre. On ne parle pas seulement d'auteurs, on les croise aux cafés ce qui prive un peu de force le récit. Le cheminement personnel de l'auteur se perd un peu dans cette esprit de coterie. La construction achronologique est aussi un peu énervante quand elle se révèle être un pur procédé littéraire pour entretenir le suspense. On se surprend à trouver alors que Semprún aurait dû y recourir moins souvent et que c'est un peu facile et qu'il vaut mieux que ça, quand même.