Lu en Avril 2020. 6,5/10
Mince alors ! Moi on m'avait dit absurde, pour ce qui est de l'humour je sais déjà que j'adore. Boris Vian et ses chansons mi-engagées mi-décalées j'aime les écouter. Mais Boris Vian 24ans romancier.... ça a été plus compliqué. J'ai voulu le commencer une nuit, j'ai lu la première page : « Oulah, ça va demander d'être bien concentré ». Bon je recommence le lendemain et je ne m'attendais clairement pas à ça ! Sans être fantastique le début me plaît tout à fait. Quoique déroutant je vois toute la verve et la poésie que dégagent ces lignes. Au moins certaines... Parce que dans un ressenti global, le roman fourmille d'idées géniales mais qui se passeraient bien du style laborieux, des personnages creux et de l'univers spiritueux. Un recueil d'aphorismes, une vraie liste Oulipienne aurait à mon sens été bien plus pertinent et bien plus assumé que ce gloubi-goulba snob et individualiste.
Les meilleurs passages en tant qu'histoire sont selon moi les décalages équivoques (La patinoire, tout le monde meurt, ils sont ramassés en tas c'est normal. Bon c'est très Rabelaisiens voire Ubuesque de ce que j'en sais). Il y a aussi des réflexions intéressantes, sur le travail, l'argent, le bonheur, le fanatisme (#Jean Sol-Partre) ; mais toujours trop brèves sans qu'on sache si ces pensées sont hors sujet où si c'est la toile de fond qui l'est. Je vois dans cette œuvre une étrange immaturité. De quelqu'un avec beaucoup d'idées, mais qui ne sait pas les ordonnés et donc qui les imposent comme ça parce que ça c'est mon art et puis c'est tout.
Ainsi dans la deuxième partie, à partir du voyage de noces, c'est l'histoire et les personnages qui remontent sur le devant de la scène mais malheureusement sans qu'on n'ait aucune envie de connaître leurs problèmes. On ne les connaît pas, ils ne sont pas attachants et il peut arriver n'importe quoi. Et quand on crée un monde où il peut arriver n'importe quoi, c'est la porte ouverte à toutes les fenêtres !
Je suis donc déçu. Des idées avec un vrai potentiel gâchées par un manque de contrôle. Une œuvre qui ne sait vraiment pas où se positionner ou justement qui ne le veut pas. Oui, mais moi quelqu'un qui demande autant d'attention ça me fatigue. Pour séduire un lectorat faut commencer par lui prouver que t'as des choses intéressantes à dire (même en disant le contraire #Nietzsche). Mais tout dire pour dire que tout n'est rien moi ça ne me suffit pas. Je reconnais de grandes qualités objectives mais je n'ai pas eu le temps de me laisser porter par « le lyrisme » et il est très difficile de s'imprégner d'un univers sans règle.
Une prochaine fois peut-être...
« Ne me remercie pas, ce qui m'intéresse ce n'est pas le bonheur de tous les hommes, c'est celui de chacun »
« Oui ils sont bêtes. C'est pour ça qu'ils sont d'accord avec ceux qui leur font croire que le travail c'est ce qu'il y a de mieux. Ça leur évite de réfléchir et de chercher à progresser et à ne plus travailler »
« - Messieurs que puis-je pour vous ? - Exécuter cette ordonnance.... Le pharmacien introduisit le papier dans une petite guillotine de bureau et le couperet s'abattit »