Pas facile de donner son avis à propos d'un livre considéré partout comme un grand chef d'oeuvre... J'ai bien aimé ce livre, dont j'ai lu les plus de cinq-cent pages en quelques jours, mais mon opinion reste quand même un peu mitigée. Peut-être (sans doute) suis-je passé à côté de l'essentiel.


D'abord, je n'ai pas trouvé le personnage de Frédéric Moreau intéressant. Il est un jeune provincial arrivant à Paris, on s'attend donc à trouver un homme plein d'ambition et engagé. Son ambition n'est en fait que de façade et ses engagements politiques changent au grès du vent. Je l'ai trouvé de fait assez "mou" : il se laisse ballotter par les évènements et refuse de prendre sa vie en main.


De même, j'ai trouvé les personnages féminins assez fades (exception faite de la Maréchale). Les amours de Frédéric sont donc décevantes : Mme Arnoux, Mme Dambreuse et Louise Roque sont toutes trois insipides, et je n'ai pas réussi à m'intéresser à cette intrigue amoureuse dont on devine vite le dénouement. Malgré tout j'ai beaucoup apprécié certains dialogues entre ces femmes (Mme Arnoux en particulier) et Frédéric.


Ce qui m'a vraiment plu dans ce roman, c'est la richesse des personnages secondaires (masculins surtout) : Cisy, Sénécal, Dussardier, Hussonet, Regimbart, Dambreuse et mes deux préférés : Arnoux et Deslauriers. On retrouve chez eux des caractères variés qui permettent de tisser un portrait complet de la société de l'époque. Ils sont tous très bien décrit et leur richesse donne de la profondeur au récit.


J'ai aussi beaucoup apprécié le livre dans la description qu'il fait d'une époque. Le roman s'inscrit dans des évènements historiques majeurs (révolution de 1848) qui sont très bien racontés, et les prises de position politiques (souvent radicales) des uns et des autres permettent des dialogues très réussis.


Sur le style enfin, j'ai trouvé de beaux passages sans être pour autant subjugué par la qualité d'écriture de Flaubert. Certaines descriptions sont géniales et le caractère des personnages est magnifiquement décrit. L'ironie de Flaubert apparaît aussi par moments de manière brillante, et en particulier le dernier paragraphe du livre conclut le roman en beauté.

Josh_Athanase
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le 26 nov. 2017

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Josh_Athanase

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