L'empreinte est un roman largement autobiographique de Alexandria Marzano Lesnevich.
Publié en 2019 il a reçu le prix du roman étranger.
L'histoire nous est raconté par bride de souvenirs, on alterne entre le passé et le présent entre la vie d'Alexandria, les attouchements qu'elle a subit étant enfant et la vie de Rick Langley violeur et meurtrier d'enfant.
C'est un roman très violent émotionnellement, les scènes décrites par Alexandria en particulier celles de son enfance et concernant son grand père sont tellement justes que je me suis vu obliger de fermer le livre à plusieurs reprise pour souffler. Et c'est la toute la force d'alexandria je pense, les anecdotes personnelles sont lourdes et pesantes, on se sent libéré quand on alterne avec autre chose. Puis on y revient encore et encore et on sent au travers de tous les non dits toute la pesanteur dans la famille qui l'accable quand elle est enfant et qui inévitablement construit la femme adulte qu'elle est devenue. Le temps long de l'écriture est parfait pour traduire ce sentiment, on veut sortir on veut de l'air et on est obligé d'y retourner encore et encore.
Très bien écrit, on ressent toute la douleur de ces familles sans jamais tomber dans des effets faciles, il y a par exemple toute une scène autour des bruits d'escaliers ou toute la famille se couche personne ne dort et tout le monde écoute pour entendre le bruit des pas du grand père sur l'escalier.
La construction du roman par scènes entrecroisées est ingénieuse, elle mime la construction d'un souvenir qui comme une pelote s'accroche à quelque chose puis se déroule. Un épisode de la vie de Rick en appel un de la vie d'Alexandria qui fait avancer le récit donc on revient sur l'enfance de Rick etc.
L'autre thème du livre est la loi et son rapport à la vérité.
Le récit d'un fait n'est autre qu'un récit, les nombreux appels du procès changent les verdicts parce qu'ils changent de narration.
Ce roman est une réflexion sur l'écriture et sur l'absolue nécessité de raconter des histoires tout en réalisant qu’inévitablement l'acte d'écrire est en soit porteur d'une modification de la réalité.
Comme lorsque l'on prend une photo, aussi large soit notre objectif il y a forcement une partie hors cadre.
"l'homme qui est en face de moi est un homme. Il ne sera jamais entièrement autre telle chose, ou telle autre. Seule une histoire peut l'être. Jamais un être humain"