Je ne sais pas pourquoi, je bloque pour la critique de ce livre, L’Enchanteur de Barjavel. Pourtant je l’adore, j’aurais plein de choses à dire, mais j’ai l’impression que tout ce que je pourrais dire ne pourrais rendre justice à ce texte fabuleux.
L’Enchanteur est le dernier roman de Barjavel. Il avait déjà fait allusion à Merlin dans les Dames à la Licorne et est, dans ce roman, bien loin de ses romans de science-fiction. Barjavel connaît sur le bout des doigts les textes de Chrétiens de Troyes. Il suffit de voir la manière dont il traite le sujet, les références sont nombreuses et certaines ne peuvent être comprises que par ceux qui ont vraiment lu que de nombreux textes médiévaux. Le terme d’Esplumoir par exemple, est toujours mystérieux et mal compris, peu utilisé dans les romans contemporains, mais il est présent dans les romans médiévaux et Barjavel l’utilise également.
Le roman est centré sur Merlin et reprend donc le schéma narratif de la Vie de Merlin (Vita Merlini), avec sa conception, son enfance, sa rencontre avec Viviane, son aide auprès d’Arthur, des autres chevaliers et surtout de Perceval. De nombreuses questions sont posées sur la nature du Bien et du Mal symbolisées par la pureté du corps, du désir (Viviane VS Morgane), l’amour, la religion… mais surtout la guerre et le progrès (en effet le diable est symbolisé un moment donné par les pelleteuses et autres machines de chantier bruyantes et encombrantes encore cloîtrées en enfer).
Barjavel arrive donc à faire revivre la légende de l’Enchanteur de manière juste, entre légende et modernité, entre tradition, retenue, amour et humour. La saveur médiévale se mêle au piquant de l’auteur moderne.
C’est un livre plein de poésie. Si vous avez peur des textes médiévaux, lisez celui-là, il est court et poétique, je vous le conseille vivement !
Je vous ai mis deux illustrations. Celle avec le petit personnage montre le Merlin amoureux, l’amoureux de Viviane. L’image est joyeuse, humoristique.
La seconde image est plus sérieuse, elle fait allusion à l’enchanteur qui change de forme, qui parle aux animaux, qui est proche de son arbre (la pomme fait également pensé à Avalon), à son esplumoir. Deux interprétations de Merlin, en somme !