Le premier polar estonien traduit en français ? Se déroulant au début du XVe siècle à Tallinn, au moment où la ville connait une certaine prospérité commerciale et devient cosmopolite avec un étonnant de brassage de population ? Voici qui est diablement alléchant d'autant que de ce petit pays balte on a découvert une véritable merveille cette année : L'homme qui savait la langue des serpents. L'énigme de Saint-Olav, sans atteindre un niveau comparable, se lit cependant avec intérêt, non tant pour son aspect thriller -l'enquête menée par l'apothicaire Melchior s'avérant tortueuse et complexifiée à souhait-, mais davantage pour sa description historique minutieuse, trop parfois il faut le reconnaître, et son évocation des différentes strates sociales dans une ville alors en pleine effervescence. Il y a profusion de personnages dans le roman d'Indrek Hangla, toutes classes confondues, au point de perdre parfois pied, même si l'auteur prend bien soin, à plusieurs reprises, de faire un état des lieux. La trame est dense, riche comme un repas trop copieux et il faut bien prendre garde à se ménager des pauses dans une lecture qui n'est pas loin d'étouffer par son luxe de détails. Une bonne rasade de la liqueur d'apothicaire, tellement appréciée de l'ensemble des protagonistes de cette sombre histoire, ne serait pas de trop pour faire passer un récit qui frise parfois l'indigestion. Avec un bon estomac, cela passe tout de même, pour peu que l'on soit curieux d'entrer de plain pied dans cette société médiévale, singulièrement compartimentée, où décapitations et empoisonnements viennent relever l'ordinaire.