Poul Anderson vs J. R. R. Tolkien
Très bonne surprise que ce roman.
La couverture (qui rappelle les pires heures du jeu de rôle ou des livres dont vous êtes le héros des années 80) me faisait craindre le pire, et je suis entré dans ce livre un peu à reculons.
Donc, ce roman est sorti en 1954, la même année que le premier tome du Seigneur des anneaux, et avec une optique assez proche.
C'est aussi de la fantasy, également basée sur les grands mythes européens (nordiques et celtes notamment), mais là où Tolkien ancre son récit dans un monde différent du nôtre (ou en tout cas bien loin du nôtre temporellement parlant), Poul Anderson lui, situe son histoire, dans l'Europe du Xe siècle (essentiellement dans les îles anglo-saxonnes)
Anderson choisit clairement de faire de son roman une chanson de geste, avec force combats, magie et trahisons. On y suit donc l'histoire de Skafloc, un jeune homme enlevé par les elfes à sa naissance, avant qu'il soit baptisé. Il est remplacé dans sa famille par un changeling destiné à faire le malheur de sa famille.
Dans ce monde mythique, les peuples de Faërie, sur le déclin, vivent dans l'attente du Ragnarok (la fin des temps dans la mythologie nordique) et craignent par dessus tout les pouvoirs du dieu blanc (le Christ) qui effacent peu à peu l'influence des anciens peuples.
Le roman s'attarde donc sur la rivalité entre Skafloc et son double changeling, rivalité qui atteindra son paroxysme au cours d'une guerre opposant les Elfes à leurs ennemis les Trolls.
Cette alchimie entre mythes et Histoire fonctionne parfaitement. Le monde d'Anderson est très cohérent, et on se prend à y croire à cette Europe fantastique, peuplée de magie. Le récit est prenant, très bien rythmé, et le côté chanson de geste fonctionne à plein.
Plus mature qu'un Seigneur des anneaux, Anderson n'occulte ici ni la violence, plus présente que dans Tolkien, ni le sexe, présent tout court. Ce roman assure également une place bien plus importante aux personnages féminins celles-ci étant bien plus fortes que leurs homologues tolkiennesques (paie ton néologisme dégueulasse).
Un très bon roman, et surtout une très bonne surprise, qui mérite amplement sa première édition française (60 ans après !!!) À (re)découvrir !
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