"Un coyote hurle, une étoile tombe, et la nuit m'ouvre à sa beauté terrible et poignante."
L'épouse de bois est un roman fantastique, dans tous les sens du terme. Une ode à la nature et à l'art qui enchante le lecteur de la première à la dernière page. Un travail considérable pour retranscrire toute la beauté de la nature en ouvrant simplement un livre, c'est quelque chose qui me fascine et qui fait que je me sens tout petit après avoir lu une telle oeuvre. C'est ce que j'attends de la littérature, le voyage, l'évasion, la fuite de mon quotidien et cette propension à me faire oublier mes tracas. Je ne connaissais pas l'auteur, Terri Windling, peu traduite en France, mais j'ai appris à la connaître au fil de ce roman et à apprécier toute l'étendue de son style imagé. C'est une révélation.
Maggie Black est une citadine qui déménage dans le désert pour écrire la biographie d'un homme qui vient de mourir et qu'elle n'a jamais rencontré. Il est la source d'une admiration sans limites pour elle, un ami à distance. Cet homme, c'est Cooper, et elle va habiter chez lui pour s'imprégner de sa vie. La poétesse va faire la rencontre d'une toute nouvelle façon de vivre, loin de toute civilisation et livrée à elle-même avec pour voisins des habitués du lieu. Maggie va se lier d'amitié avec son nouvel entourage et développer une relation très particulière avec la faune et la flore environnantes. Il se pourrait bien que la nature soit vivante, par ici, mouvante, et que la mort de Cooper ne soit pas qu'un simple accident mais en rapport direct avec l'épouse de bois et les événements étranges qui surviennent aux alentours...
Je tiens tout d'abord à remercier Nariel-Limbaear pour cette merveilleuse aventure. C'est exactement l'intérêt d'un éclaireur, outre la complicité qui peut naître entre l'éclaireur et l'abonné. Faire découvrir des perles, faire vivre à quelqu'un un moment privilégié simplement par la force des mots et la persuasion. Vous découvrirez sa critique à la fin de la mienne, elle vaut le détour et je ne la remercierai jamais assez.
L'épouse de bois est avant tout un hymne à l'art et à la beauté de l'art. Si vous aimez la poésie, la peinture et l'écriture, ce roman deviendra vite indispensable car on y baigne à toutes les pages. Tous les personnages sont liés directement avec ces formes d'art. Il y a une féerie constante dans le livre et dont la trame fantastique monte crescendo. A petites doses tout d'abord, la fantaisie est ensuite de plus en plus présente pour éclater dans un final qui en met plein les mirettes. Car c'est ça, la vraie force de ce roman : l'imagination. L'auteur a une capacité hors du commun à faire vivre la beauté de ce qu'elle décrit devant nous, des dialogues les plus profonds aux plus petits détails descriptifs. Tout prend vie devant soi et on ne peut être que happé par tant d'émerveillement et de maîtrise, son style paraît naturel et fluide, sans fioritures et toujours source de nouvelles émotions. Même son vocabulaire est beau et nous élève, on se sent empli d'admiration lorsqu'elle nous attrape et nous laisse captifs de ce désert que je n'oublierai jamais. Les personnages sont très attachants, les plus cyniques et les plus maladroits portent en eux une petite flamme qui nous donne le sourire et envie de les aimer. Ils ont leur propre caractère et, comme tout est à reconstruire et démêler pour l'héroïne, on apprend à les connaître et à les apprécier en même temps qu'elle.
Si je devais résumer l'épouse de bois en quelques mots et donner envie aux plus sceptiques, je dirais que c'est un voyage à travers la nature et le temps qui nous donne l'impression d'avoir participé activement à une légende, d'avoir eu la chance d'être là au bon moment pour profiter d'une aventure hors du temps entre le réel et la splendeur de l'illusion. C'est de la magie à l'état pur, c'est ce que les mots peuvent apporter de meilleur quand ils sont au service d'un rayonnement qui les dépasse.
Le bonheur de lire, c'est ça !
(Je vous recommande le travail de Brian Froud dont Terri Windling s'inspire directement.)
http://www.senscritique.com/livre/L_epouse_de_bois/critique/27034222