Si tu pensais que l’engagement politique se vivait confortablement dans les amphis universitaires, L’Établi de Robert Linhart est là pour te rappeler qu’à un moment, il faut mettre les mains dans le cambouis (ou plutôt dans l’huile de machine-outil).
L’histoire suit Linhart lui-même, intellectuel maoïste décidé à comprendre la classe ouvrière de l’intérieur. Son plan ? Se faire embaucher incognito comme ouvrier dans une usine Citroën en 1968. Le résultat : une plongée brutale dans l’univers impitoyable du travail à la chaîne, où la cadence est infernale, les contremaîtres tyranniques et la révolte un feu difficile à attiser.
Le gros point fort ? C’est un témoignage coup de poing. Linhart ne théorise pas d’un bureau : il vit, souffre et subit le quotidien des ouvriers. Son écriture est percutante, sèche, et chaque phrase résonne comme un cri de révolte contenu. C’est un livre qui sent la sueur, l’injustice et la lutte, et qui te rappelle que derrière chaque voiture rutilante, il y a des vies broyées par la production.
Le hic ? C’est un texte engagé, mais pas un roman traditionnel. Pas de grande intrigue ni de héros flamboyant, juste une immersion brute et sans filtre dans un monde qui écrase les corps et les esprits. Si tu n’es pas prêt à lire sur l’aliénation au travail et les rêves de révolution avortés, certaines pages peuvent sembler oppressantes.
Bref, L’Établi, c’est une claque littéraire et sociale, un témoignage puissant sur la condition ouvrière et le désenchantement militant. À lire si tu veux comprendre le monde du travail autrement que dans un PowerPoint sur la productivité… mais prépare-toi à ressentir l’usure physique et mentale au fil des pages.