Simon Johannin.
Ce nom ne vous dit rien ? Et bien je vous promets que vous allez en entendre parler. Il vient de signer sans doute l'un des livres les plus percutants de l'année : L'été des charognes. 150 pages de coups de poings dans la gueule dépeignant la vie quotidienne d'une enfance rurale, anonyme.
Le style direct, cru et vulgaire, les histoires d'enfance, la campagne profonde, L'été des charognes aurait pu être écrit par un auteur bâtard entre le Stephen King de Le Corps (Différentes saisons) et un Jack Ketchum au mieux de sa forme. Mais non, il s'agit bel et bien d'un auteur français tout nouveau, d'à peine 23 piges !
Mais qu'est-ce vraiment que L'été des charognes ? Un roman ? Un conte ? Une histoire ? Non, définitivement pas. Plutôt une chronique. Mieux, une translation lente - mais rythmée - entre la misère champêtre et la débine citadine. Un changement d'état, presque initiatique, graduel : d'abord l'apprentissage de la mort dans tout ce qu'elle a de plus rebutant, puis les dérouillées à l'alcool, le sexe cru, l'amour, la drogue. La nature puis la ville. L'enfance puis l'âge adulte. Le jour le jour puis la nostalgie.
Le personnage évolue, le livre aussi. Le style minimaliste et coup de poing devient plus métaphorique, plus planant et cynique, toujours aussi incisif. Johannin ne critique rien, ne se perd dans aucun misérabilisme. Il se contente de montrer.
Et dieu sait que ça pète !
Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
À cette horrible infection,
Étoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion !
Baudelaire
Merde, dans toute chose il y a une part pour les anges.
Simon Johannin