Nous sommes-nous déjà vus ?
"L'étranger", c'est le portrait d'un Indifférent, d'un de ces hommes qui vit, mais pas pour lui, pas pour les autres non plus. Il est juste là, agissant au gré de l'instant, se laissant porter par les événements présents, ne s'attardant pas à réfléchir aux conséquences de ses actes dans le futur et encore moins à celles qui ont régit son passé, le déniant de ces émotions qui semblent indispensables à l'humanité : les remords, l'attachement et surtout, l'amour dont il semble entièrement dépourvu, cette absence d'émotions lui conférant une franchise et une honnêteté troublantes.
L'amitié et le mariage l'indifférent, ni pour, ni contre, il accepte l'un comme l'autre, comme on accepterait des choses banales telles qu'une part de gâteau ou une tasse de café, pour faire plaisir à celui qui nous la propose.
Et finalement,en tant que lecteur, il est impossible de lui faire le moindre reproche car il n'est ni bon, ni mauvais, obéissant à sa logique propre qui finalement ne fait que sortir de celle du lot commun, d'où ce mot "absurde" qui semble revenir dans l'avis d'à peu près tout le monde, une logique simplement gouvernée par des pulsions elles-mêmes obéissantes à l'ennui et l'envie d'y échapper.
Car c'est bien de l'ennui qu'il est surtout question dans ce roman, mais aussi de la lassitude, de la fatigue et de la volonté de fuir la banalité, en obéissant à la rumeur montante des pulsions intérieures dont nous sommes tous victimes au quotidien.
Un "étranger" dont j'avais finalement l'impression d'avoir déjà fait intimement la connaissance.