Un classique peu classique
Au long de ma scolarité, nombreux furent les "classiques" à lire. Plutôt que d'aiguiser ma curiosité et mon intellect, cela me fit perdre le goût à la lecture. Je me rappelle encore l'ennui profond que m'ont inspirés "La Princesse de Clèves" et "Les caractères" ou l'interminable "Madame Bovary" parce que, trop jeune et trop ignorant, je ne pouvais ni en saisir l'intérêt ni en apprécier la qualité. Bref, j'ai finalement compris que ce qu'on nous demandait n'était ni de comprendre, ni d'apprécier, mais de savoir en parler. J'ai donc abandonné toute lecture au profit des résumés, et à ma grande satisfaction les notes n'en furent pas diminuées.
Mais il arrive qu'un jour, une prof plus passionnante que les autres, un ami moins bête ou simplement la prise d'âge nous pousse à ré-ouvrir une bibliothèque depuis longtemps poussiéreuse. Je suis alors retombé sur de nombreux classiques. Pour ne pas trop se forcer, on en prend un petit. Tiens "L'étranger" de Camus. On m'en a parlé.
Et là, on se rend compte que les classiques, ça a quelque chose de bon. Ce héros discret, naïf vis à vis des autres mais tellement lucide face à la vie, l'absurdité de l'existence dans laquelle finalement seule la jouissance des petits rien du tout bien humains prend de l'importance (comme se laver les mains le midi, quand la serviette n'est pas encore trempée par une journée d'usage) ; Camus me livre ici une bien belle leçon de vie, bien loin des prix Goncourt et autres ouvrages révérés qui resteront -peut-être à jamais- trop obscures pour moi.