Un homme n'a pas de passé, et un vague futur, car la vie d'un homme n'est que des présents, des multitudes de jours présents. L'espoir est une incertitude dont la vie s'échappe, et nul ne sert de s'y laisser fondre. La vie doit être désespérée, car sinon on ne vit pas.
L'Etranger narre simplement la mort d'un homme, sans qu'on la lise jamais. Sa vie n'est qu'une courte journée ou tous se mêlent, tous les parents, amis, inconnus ; lui-même semble ne pas être. Jusqu'à comprendre que c'est la seule chose qui compte : rien n'est vrai sinon ce que l'on est.
Peu d’œuvres ont, dans ma jusque là courte expérience de la littérature, éveillé en moi des réactions aussi violentes. J'en viendrai presque à renier l'art en tant que forme fixe, alors que c'est cela même que je souhaite honorer et accomplir. Cette note, cette critique, n'auront pour moi aucune valeur dans un futur peut-être proche. Ces pensées qui traversent mon cerveau non plus. Mais ce roman m'aura, en voilà la preuve, fait vivre. Et malgré l'absurdité que cela implique, aura probablement donné un sens à cette journée.
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