Camus fait partie de ces auteurs qui savent modeler notre ressenti de lecteurs par l'usage qu'ils font de la langue.
L'histoire, le fond, n'est qu'un support à nos sentiments; l'écriture, la forme, sert à nous les amplifier. Les deux parties de ce livre sont de style totalement différent, et cela affecte notre manière de lire les choses. La première partie se contente de phrases très simples, épurées jusqu'à l'os, et ne relatant que des faits objectifs. La seconde au contraire libère la pensée et les mots dans des phrases bien plus longues et construites, à l'exact opposé du début du livre.
La première partie est celle du corps; la seconde celle de l'esprit.
Bref, un livre à vivre et ressentir, peut-être plus qu'un autre.