À 90 ans passés, Matt Cirois pensait terminer ses jours peinards, détesté de tous, aides-soignantes comme pensionnaires de la résidence des Mûriers. Pas de chance, l’apocalypse survient sous la forme d’une épidémie de zombies.
En compagnie d’une troupe hétéroclite de grabataires, il s’échappe de l’hospice, direction Paris, où il compte bien devenir le géniteur d’un monde meilleur. Avec Pierrot qui bave en permanence, Yan qui connaît par cœur des tubes désuets, Jacky, le facho non repenti, et d’autres gâteux, le voilà parti en fauteuil roulant dans une équipée sauvage et périlleuse.
On va faire court.
L’Évangile cannibale de Fabien Clavel pourrait faire une très bonne nouvelle. Aborder les zombies via le point de vue croguignolesque d’une bande de vieux échappés de leur hospice a toute les apparences de la farce macabre. L’auteur instille un décalage réjouissant propice à la satire sociale. Il entretient d’ailleurs pendant un temps l’illusion, faisant assaut de saillies grinçantes fort drôles au travers du regard de Matt, cet insupportable vieux cacochyme glaviottant sur tous ceux qui osent l’approcher.
Mais voilà, cette road novella (j’invente le terme) en fauteuils roulants se délite au fil des pages, aboutissant à un récit longuet, mou du moignon, dont on se demande quel est l’intérêt ? Et ce n’est pas le sous-texte vaguement religieux, l’humour noir ou l’humeur atrabilaire du narrateur qui sauvent L’évangile cannibale d’un naufrage n’étant pas dû ici seulement à l’âge.
Non, franchement, sur le thème de la vieillesse, je recommande plutôt Le Bal des débris de Thierry Jonquet où Lune captive dans un œil mort de Pascal Garnier, autrement plus jouissifs, vachards et incisifs sur ce sujet.