Il faut tuer le soldat Endymion
Cette suite est pénible après la merveille d'Hypérion. Raul Endymion est je crois dans le palmarès des personnages principaux insipides que l'on a envie de secouer, torturer, disséquer sur place alors que ses amis font tout le boulot. Comment imaginer pire limace comme héros ? Et comme je ne vous cache pas qu'il est au centre du récit... Ah, que n'est-il resté endormi pour toujours comme dans le mythe. Idem pour le personnage trop lisse d'Enée, malgré quelques trémolos sur la fin et son regard intéressant expliqué à la fin sur la Religion.
« Pourquoi ? Pourquoi ? » tombe-t-on après la structure intéressante d'Hypérion, à la manière des Canterbury Tales avec les récits des mystérieux Pélerins, dans ce road movie banal sur le Fleuve Thétys, à saute-planètes, avec cette histoire d'amour incompréhensible tant Raul Endymion est un parfait imbécile (vous me direz c'est le destin, oui, mais dur de s'identifier aux personnages), cette Église et cette Pax caricaturale (« nous on est les méchants ») et ce final décevant qui comme souvent nous fait passer de la cybernétique à la mystique bas-de-gamme (avez vous trouvé la Voie ? avez-vous bien digérez le Dalaï-lama ? "les âmes des morts à votre écoute ! Ce sera quoi aujourd'hui ? » Les tigres les Ours et les Pandas ?).
Il y a pourtant de bons éléments : la cybernétique même est bien gérée dans le cycle des Cantos, les réflexions sur le cruciforme sont passionnantes (même si on relèvera quelques incohérences), et le personnage du père-capitaine De Soya est pour moi le meilleur de cet ensemble (Endymion/éveil d'Endymion). Indéniablement dans toutes ces pages on voit que Dan Simmons sait créer des univers envoûtants, mais pour moi le récit et les personnages ne suivent pas. Bref, sûrement que le jugement n'est pas sans appel, seulement, après l'enthousiasme d'Hypérion, difficile de se satisfaire de cette suite à mon avis.