Quiconque me connait un peu sait que je suis un (très léger) fan de la série Rayman. Des jeux bien sûr, mais également du personnage, de l'univers, de ses créateurs, des produits dérivés et... Bon en fait je suis un putain de fanboy, je l'avoue. Mais un fanboy objectif quand même (faire une critique majoritairement négative de Rayman Legends et lui mettre 9 : check). Bref, quand Monsieur Motormike, que je connaissais grâce à son boulot en tant que pigiste chez Gamekult, a décidé de me vendre son nouveau livre sur SC, soi-disant réalisé avec passion, rempli d'amour et d'exclusivités, autant dire qu'il a réussi son affaire.
Sautant à pieds joints dans cette brèche commerciale, je me jetai alors sur les précommandes de l'édition Origine (limitée à 500 exemplaires) valant son pesant d'or (financièrement parlant), à la manière d'un Puyo vidant son compte à l'annonce d'un DLC MewTwo pour Super Smash Bros. Wii U. Sauf que, comme pour Rayman Legends, la médaille a un revers. Autant il n'est pas difficile de convaincre le fanboy assumé que je suis d'investir dans de nouveaux produits culturels entourant sa marque fétiche, autant il est bien plus difficile de le convaincre de la qualité dudit produit une fois celui-ci entre ses mains. Pavé incoming.

Niveau design et qualité d'impression tout d'abord, l'ouvrage force le respect. La couverture de l'édition Origine est simple mais magnifique, et le papier comme l'impression sont de superbe qualité. Aucun doute, on est bien devant un "beau-livre". Celui-ci s'ouvre sur une préface écrite par Michel Ancel himself, et elle tue. En trois paragraphes, il démonte à peu près toutes celles que j'ai pu lire par le passé. Une phrase simplement, d'ores et déjà érigée par mon humble personne au statut de citation culte : « Globox est sûrement le pote de maternelle avec lequel on faisait les quatre cents coups, et Mister Dark le dirlo qui surveille la cour de récré avec son sifflet et ses jumelles ». Best accroche ever : check.

S'ensuit un avant-propos sur l'auteur, Michaël Guarné de son vrai nom, qui explique rapidement la genèse du bouquin. C'est court et bien fait. J'y reviendrai, mais de nombreux artworks et photos jalonnent les pages, donnant immédiatement à cette histoire de Rayman un côté chaleureux et sympathique. Guarné enchaîne alors sur une partie non inédite mais nécessaire, à savoir l'avant-Rayman. Ce chapitre, bien que sympathique à la lecture, n'apporte rien de plus (et même moins) que la biographie de Michel Ancel (de chez Pix'n Love également, pourtant pas un modèle d'exhaustivité non plus), mais c'est normal puisque ce n'est pas le sujet du livre. Le chapitre sur Rayman premier du nom fait alors son apparition, et le livre prend son envol.

Mais avant de parler du meilleur chapitre de l'œuvre, un petit mot pour terminer sur sa structure, que je trouve plutôt logique et bien foutue : outre l'aspect graphique très présent (mais vital lorsqu'on traite un tel sujet), les opus principaux ont chacun le droit à un chapitre. On aura ensuite une partie regroupant les spin-off, puis une abordant l'univers. Enfin, on terminera sur une rapide esquisse du futur de la licence. Tous les chapitres ne sont malheureusement pas égaux, et si certains sont excellents (Rayman 1), d'autres m'ont clairement déçu, notamment vers la fin (l'univers, la suite de la licence). Mais pour mieux comprendre tout cela, je vais devoir opérer à une courte (ou pas) analyse de chaque chapitre. Oui désolé, j'avais dit pavé incoming, c'est comme ça. Alors si vous n'aimez pas les détails, je vous conseille de directement passer à la conclusion.

Rayman 1 donc. La partie la plus complète, la plus documentée, et visuellement la plus incroyable. C'est bien simple, de nombreux artworks inédits sont présentés et sont à tomber par terre. Mais genre vraiment. Cependant ce chapitre n'est pas fantastique que visuellement : il y a certes du classique et du connu (normal encore une fois), mais certaines informations sont juste géniales : des personnalités non ou peu connues sont dévoilées et interviewées, apportant des points de vue jusqu'alors jamais entendus sur le développement du jeu. Je veux dire, la première fois que j'ai entendu Michel Ancel raconter son anecdote sur l'utilisation des TGV pour se faire passer les cartouches de test entre Montpellier et Paris, j'étais halluciné. Au bout de la Xième fois, je suis heureux d'encore découvrir des jusqu'alors non-dits sur ce développement.
Côté musique, connait enfin le rôle de Stéphane Bellanger !! Bon, en réalité je pense que j'étais le seul à me poser cette question, mais savoir ce qu'il avait vraiment fait sur le jeu me tiraillait depuis des années. J'ai désormais ma réponse.
Niveau game design, certains prototypes et certaines idées inédites sont dévoilées et, plus que tout, l'existence de « La Bible du Game Design de Rayman » m'a ébahi. L'extrait présenté dans le livre est parfait, assez parfait pour me donner envie de retourner ciel et terre afin de pouvoir mettre ne serait-ce que les yeux dessus.
Bref, c'est une partie très réussie. Quelques axes d'amélioration néanmoins, des sujets que j'aurais aimé voir développer : j'aurais vraiment adoré pouvoir connaître la répartition exacte (par titre) des musiques composées par Rémi Gazel par rapport aux autres. Même en annexe ou dans un petit cadre à côté, ça aurait été top. Plus gênant, la comparaison entre les plateformes est effectuée, mais selon moi pas assez poussée. En effet, le level design de la version PC est complètement différent de celui de la version PS1, les niveaux ont réellement été ré-agencés. Pourquoi ? Ce n'est pas l'histoire de Rayman qui m'apportera cette réponse.

On passe ensuite à Rayman 2. Après un premier chapitre d'une telle qualité, mes attentes (déjà très hautes de base) étaient confortées. Malheureusement, malgré quelques anecdotes de fou (Steven Spielberg à l'E3 99 ; le scénario que j'ai toujours trouvé ultra impressionnant dans sa mise en scène de son ambiance et de son univers, qui a en réalité été gravement rafistolé), l'exhaustivité n'est pas tant que ça au rendez-vous : la partie sur Rayman Revolution est très courte (alors qu'il est vraiment différent sur plein d'aspects), il n'y a aucun artwork exclusif (#fan trop gâté dans le chapitre précédent), la version PS1 (lourdement amputée) est à peine mentionnée, mais surtout il n'y a pas un mot sur la musique !!! Pourtant, sans être aussi exceptionnelle que dans Rayman 1, elle demeure très bonne, et je suis sûr qu'il y a une tonne de choses à dire dessus, surtout que même parmi les fans on n'en sait au final que très peu sur le sujet. Autant dire que la déception fut grande, sur ce coup.

Mais pas le temps de râler, on enchaîne déjà sur Rayman 3 ! Je passe rapidement sur les visuels là aussi tous connus (ou presque), ce sera désormais le cas jusqu'à la fin du livre (sauf pour la partie Legends, mais la majorité desdits visuels se trouvent dans l'artwork joint... que j'avais lu avant !). Cette partie est bonne, toujours agréable à lire et relativement complète. Le passage sur la musique est d'ailleurs très intéressant. En revanche, il n'y a pas une seule mention d'Éric Chevalier ! Pour moi, il était l'unique compositeur de Rayman 2 et 3... Mais dans l'histoire de Rayman le livre, il n'existe pas. Me voilà d'autant plus intrigué à son sujet. Gros bon point sinon pour l'écosystème incroyable du jeu qui est abordé dans un paragraphe !! C'est peu mais c'est déjà énorme, surtout que je ne m'y attendais absolument pas.
Petit bémol en revanche sur les réflexions de Michel Ancel quant à ce qu'il pensait du jeu à l'époque. Il y a pas mal de rumeurs comme quoi il aurait fortement désapprouvé le jeu au début de son développement. Il nous est ici dit qu'il n'était pas du tout dérangé à l'idée qu'une équipe de Paris s'occupe du jeu. Habile manière d'esquiver (volontairement ou non) la problématique précédente, en se faufilant dans un entre-deux pas tout à fait satisfaisant.

Contre toute attente, le chapitre sur les lapins crétins s'est avéré relativement intéressant. Il apporte des informations, notamment sur le sous-texte original du jeu, qui m'étaient totalement inconnues. Les anecdotes sur la vie dans la Villa lors du développement sont également croustillantes. J'ai aussi noté un aparté très intéressant sur le rapport avec les joueurs (veulent-ils encore jouer à Rayman ? Comment faire pour qu'ils s'y intéressent encore ?), aparté que j'aurais réellement voulu voir s'élargir à la question suivante : comment le rapport avec les fans a-t-il été géré lors de la création de cet opus ? Car personnellement, comme pour de nombreux autres, ce jeu fut une trahison, et je me suis senti violé en même temps que la licence. Du coup ça aurait été cool d'aborder le sujet, de voir ce qu'en pensent désormais les créateurs du jeu.
Déception en revanche sur Rayman Adventures, le jeu que devait être l'immondice lapins crétins à la base : rapidement évoqué, il n'y a aucun visuel du jeu dans le livre, quand bien même bon nombre d'artworks circulent sur le net. Ils avaient largement leur place ici, plutôt que de mettre ces hideux lapins partout...

Vient Rayman Origins et là, nouvelle grosse claque dans la gueule : il y avait à l'époque DEUX Rayman 4 en production =O. Pas un, comme tout le monde le pensait jusqu'alors, mais deux. Dingue. On n'en saura pas beaucoup plus, mais c'est déjà un assez gros scoop en soi. L'opus de la renaissance s'étant principalement fait remarquer grâce à l'Ubi Art Framework, celui-ci se devait d'être bien traité, et c'est le cas. Plusieurs artistes sont interviewés, et on en apprend plus les inspirations du jeu, avec quelques petites surprises (Miyazaki par exemple). La partie musicale est vraiment très bien, malgré le fait que Billy Martin soit sous-développé et que l'instrument créé par Héral pour le jeu ne soit pas mentionné.
Trois points noirs sur ce chapitre (eh oui, il en faut bien) :
- Il n'y a aucune mention du scénario. Ca vous fait rire ? Ca me faisait rire aussi à la sortie du jeu, avant que je comprenne le texte sous-jacent du jeu. Je pense que beaucoup de gens n'ont encore aucune conscience de ce scénario "caché", c'est donc vraiment dommage de ne pas l'avoir abordé.
- Pas de mention de la distribution originale, prévue pour être épisodique. Si ce thème sera très légèrement abordé dans un chapitre suivant, il est dommage de ne pas revenir dessus ici : pourquoi ce choix, qu'est-ce qui a motivé le producteur a changer de stratégie, etc.
- Concernant la musique : « on ne va pas développer toutes les inspirations ». Mais brûlez-moi cette phrase !!! Bien sûr qu'il aurait fallu développer toutes les inspirations :[

La partie sur Jungle Run est vraiment excellente, un des meilleurs chapitres, tout simplement car l'histoire du jeu est totalement inconnue ! Le passage où Fabien Delpiano, fondateur de Pastagames, discute avec Michel Ancel au restaurant sans savoir qui il est est juste sensationnelle, sans même parler du développement qui s'est fait majoritairement sans qu'Ubi n'ait connaissance du projet. J'ai gobé chacune des lignes de cette partie, et c'est là que je me dis que si quelqu'un s'intéresse à l'histoire de Rayman mais ne la connait absolument pas, ce bouquin est quand même une vraie mine d'or.
J'en profite pour remercier Apple qui a niqué le jeu avec ses 50Mo maximum sur son Store, obligeant ainsi Jungle Run a avoir 3 musiques qui bouclent non stop (malgré la richesse de l'OST originelle) et des textures moins variées. La révolution aura été de faire passer le Store à 100Mo max l'année suivante (OMG CENT MEGAOCTETS EN 2013 C DINGUE). D'ailleurs, Fiesta Run est simplement esquissé, ce qui est vraiment dommage. En effet, au niveau du level design ce second opus transcende l'original, et il aurait été intéressant d'avoir quelques interviews du côté d'Ubisoft Casablanca.

Le chapitre sur Rayman Legends s'ouvre sur une phrase que je ne suis toujours pas bien certain de comprendre : « L'équipe sait dès le début du jeu que seuls cinq à six mondes seront conservés ». Pardon ? Pardon ?! PARDON ??!! Nan mais c'est quoi ce foutage de gueule franchement ? Ca veut dire quoi cette phrase ? On conceptualise dix mondes géniaux mais on en mettra que 5-6 car sinon le jeu sera trop complet ? Je pleure toujours devant cette absurdité qu'aucune loi au monde, financière, structurelle ou humaine ne permet de justifier.
Sinon, cette partie (plutôt complète) fut l'occasion de définitivement constater mes divergences d'opinion avec Émile Morel, membre d'Ubi Montpellier passé game designer sur Legends : les lums qui brisent l'immersion, pardon ? Jeu plus accessible car le précédent était trop dur ? *s'étouffe*. Enfin au moins l'histoire de Rayman apporte une réponse à l'abusive facilité de Legends (et du coup j'imagine au massacre de casualisation des niveaux Back to Origins). Il est également intéressant de remarquer à quel point une fois de plus les rêves de narration de Michel Ancel se sont vus écrasés par manque de temps et de moyen. C'est dingue, ça ressort presque à chaque fois. Et pour le coup, on peut dire qu'effectivement toute la narration a été sabordée : les mondes devaient être liés, connectés avec logique. Au final, il n'en est rien. Pourquoi donc ? Pour l'accessibilité bien sûr ! Il fallait pouvoir accéder à (presque) tous les niveaux dès le départ. Non Émile, nous ne sommes définitivement pas d'accord sur quelques principes de base du game design.
Quelques remarques en vrac :
- Aborder le cas Snoop Dog est intéressant, mais personnellement j'ai plus trouvé que c'était un échec de communication lamentable qu'un moyen d'appuyer "l'ambiance décalée" du jeu. Quelques précisions sur le sujet auraient donc été les bienvenues.
- Les anecdotes sur la musique sont excellentes : Christophe Héral qui chante Glouglous avec des algues mortes sur la tête au milieu de la plage Californienne OMG.
- La période des six mois de développement "bonus" est (heureusement) abordée et bien traitée, même si il manque un ou deux paragraphe sur l'impact psychologique des équipes en interne. Après, forcément, ce ne sont pas des souvenirs qu'on doit aimer évoquer, mais pour le coup ça fait vraiment partie de l'histoire de Rayman.
- La partie sur le marketing est extrêmement intéressante, mais quel dommage qu'elle ne soit que survolée !

Les épisodes principaux sont donc terminés, nous voici arrivé à la Raymania, autrement dit l'énumération de toutes les compilations, spin-off et autres logiciels éducatifs. Cette partie est exhaustive au niveau des éléments abordés, mais pèche par son format : il y a en moyenne 3 jeux par page, ce qui est beaucoup trop et ne permet donc à chaque fois qu'un seul paragraphe, souvent plus bref qu'une introduction de Wikipédia. Sans aller jusqu'à faire un chapitre par spin-off (sauf Rayman M qui l'aurait clairement mérité), une double-page voire au moins une page par jeu aurait permis de développer ces annexes en y ajoutant un surplus d'informations intéressant. A part pour les lapins crétins, puisqu'on s'en fout. En l'état, le chapitre semble donc vraiment trop court.

La fin se profile, et l'auteur choisit pour terminer de réaliser une partie sur l'univers des différents jeux, idée brillante s'il en est vu la profondeur et la diversité des différents mondes et leurs connexions tout sauf anodines.
Si je ne peux pas lui en vouloir de ne traiter que certains des protagonistes principaux, j'ai en revanche été énormément déçu par leur traitement, tout sauf exhaustif, voire même régulièrement erronés. Ainsi, ce qui est dit sur Globox et Uglette est totalement faux. Il y est en effet dit qu'on peut incarner Uglette sous le nom de Red Globox dans Rayman Origins, mais pas du tout ! Sans m'attarder, toutes les réponses sont dans l'artwork de l'édition collector de Rayman Origins : à la base, Globox était rouge. Dans RO, on joue donc simplement avec le Globox originel, Uglette n'a rien à voir là-dedans. Dans le même genre, que font les électoons avec les lums ?! Seuls les lums sont mentionnés, et ils sont indiqués être là depuis Rayman 1. Alors, à moins de parler des lums violets, je pense que l'auteur a simplement confondu les deux... Et au-delà de ça, aucun des enjeux de ces petites créatures n'est explicité (le cœur du monde, toussa toussa) ! Allez, un dernier pour la route, qui blesse mon petit cœur de fan sensible et meurtri : la phrase de Murphy dans Rayman 3... est citée complètement à l'arrache, et n'est pas dite à la fin du jeu mais seulement à la fin du premier monde ! Ok on s'en fou, ça n'enlève rien à la qualité générale du bouquin, mais bordel c'est quand même pas dur de juste vérifier ça : http://youtu.be/JOGAYppVzVg?t=3m40s, surtout que c'est une phrase qui a marqué des millions de fans ! (rappel : les lapins crétins ont tué la licence pendant 8 ans après Rayman 3).
Sinon, c'est dommage de ne pas toujours montrer l'évolution des personnages dans le temps (comme pour Rayman), et l'univers dans sa globalité est abordé mais réellement sous-décrit par rapport à sa richesse globale. Une partie finale qui semble avoir eu nettement moins d'attention que ses prédécesseurs, assez triste étant donné son potentiel et son intérêt...

Allez, dernière partie et dernières critiques (faux, il reste un passage pas cool après encore) pour la partie sur l'avenir de Rayman, bâclée en une double-page. À bien y réfléchir, bâcler n'est pas le bon terme. En effet, on y ressent toujours la passion et la sympathie que transmet Guarné via son écriture. Mais ce chapitre est tellement pauvre... Une phrase inédite (et extrêmement intéressante) de Michel Ancel, et c'est tout. Pas de mention du gigantesque projet Revenge of the Dark, qui fait vibrer la communauté Internet. Pas de mention non plus du projet Rayman 1 Music par Rémi Gazel. Bref, le fan aguerri semble en savoir bien plus que l'auteur sur l'avenir de Rayman, quand bien même ce-dernier a rencontré de manière privilégiée nombre d'intervenants, permettant ainsi théoriquement une meilleure conclusion/ouverture.
Je relèverai simplement l'aberration suivante : «Les ventes décevantes de Rayman Legends laissent à penser que le public n'attend plus forcément le héros sur console de salon ». Cette phrase est une hérésie : pour quiconque a suivi les campagnes marketing d'Origins et de Legends, la raison de leur échec commercial relatif n'a strictement rien à voir avec un quelconque désaveu de la part des joueurs. Au contraire, ils ont rencontré un succès d'estime assez incroyable pour le retour d'une licence que les gens avaient oublié. Donnez à Rayman le budget de Far Cry 4, avec ses dix éditions collector, ses cinquante bonus de précommande, ses trailers journaliers et ses affiches dans le métro, et alors peut-être pourrez-vous considérer le jeu comme un échec commercial.

Un mot sur la conclusion du livre, un peu étrange mais originale, pourquoi pas après tout. En revanche, c'est quand même un peu facile d'esquiver ainsi le difficile exercice d'une vraie conclusion. J'en profite pour caser une dernière remarque : globalement, le livre manque quand même d'analyse aux niveaux stratégique et commercial. Vu tous les producteurs qui interviennent, c'est vraiment dommage de ne pas avoir développé cet aspect là, car dès lors que c'est abordé c'est extrêmement intéressant, d'autant qu'Ubisoft n'a jamais été très transparent sur le sujet.

(
Ceci est une parenthèse énorme, uniquement destinée aux intéressés. L'histoire de Rayman comporte malheureusement un certains nombre de coquilles dommageables : outre quelques fautes d'orthographe/ de frappe pas bien graves, un certains nombres d'approximations ou de fausses affirmations sont faites. Oui je dois être un peu fou, mais j'ai relevé celles qui m'ont accroché :
- Il est indiqué que Rayman 2 est sorti en 2003 sur PC en Europe. C'est forcément faux. En effet, après avoir moi-même retourné Rayman 2 sur PC de fond en comble pendant au moins un an, j'ai attendu pendant au moins 1 à 2 ans la sortie de Rayman 3 comme un fou. Rayman 3 étant sorti en 2003, vous saisissez le problème. Et non, mes parents n'ont pas importé le jeu des USA \o/
- Rayman 2 : « Lorsque le joueur est bloqué, il peut utiliser les nuages de pluie de Globox pour progresser » : alors c'est juste dans un niveau (la Canopée) et ce n'est pas lorsque le joueur est bloqué, c'est juste un mécanisme de gameplay normal pour progresser dans le niveau. J'ai vraiment bugué sur cette phrase, me demandant si je l'avais bien comprise, ça m'a un peu fait l'effet de «lorsque le joueur est bloqué, il peut appuyer sur la touche saut ». Well...
- Rayman Origins : «Pendant les temps de chargement, il est possible de récupérer un cœur » : faux, cette feature apparait dans Rayman Legends.
- Rayman Gold : le gameplay n'a pas été ajusté, c'est simplement les niveaux de Rayman Designer qui sont comme décrits. Bon courage pour redesigner tout Rayman 1 avec la condition de "100 tings pour sortir d'une section de niveau" sinon.
- Pour les opus mobiles : c'est pas bien grave, mais ça m'a fait rire de voir marquer "Sport - Android - 2002" (Android 1.0 est sorti en 2007). J'imagine qu'à l'instar de God of War Trahison ils sont donc sortis sur terminaux Java J2ME.
- Univers : le modèle montré de Rayman Origins est en réalité celui de Rayman Legends (reconnaissable grâce à sa fausse 3D et l'ombre induite).
- Univers : contrairement à ce qui est écrit, il n'y a pas de Moskito dans Rayman Legends (à part dans Back to Origins, mais c'est pas RL en soi).
)

Si j'ai donc pu être assez critique à l'encontre de l'histoire de Rayman, il ne faut pas en minimiser les aspects positifs pour autant : il s'agit d'un livre écrit passionnément, comportant de nombreuses anecdotes inédites, et ce même pour le fan le plus intransigeant. Pour qui aime la série sans la connaître réellement ou pour qui désire la découvrir, cet ouvrage est d'une richesse incroyable, tant visuellement que dans son contenu. Le style est simple mais parfaitement adapté, jamais pris en défaut.
Alors oui, forcément, compte tenu de mes attentes élevées (disproportionnées?), la lecture ne se fit pas sans quelques déceptions (notamment sur la fin), mais cela n'enlève rien à la qualité globale de l'écrit. Et puis, peut-on vraiment faire le difficile quand c'est presque un miracle qu'un tel livre ait jamais vu le jour ? Car quel fan, aussi clairvoyant soit-il, aurait pu prévoir que l'intérêt autour de la série serait ravivé au point qu'un livre sur son histoire soit publié ? Alors oui l'histoire de Rayman est une œuvre imparfaite, mais elle n'en est pas moins magnifique, riche et généreuse. Un must-read pour quiconque s'intéresse un tant soit peu à la série.
VGM
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le 24 oct. 2014

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