Manu et son zafu
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Premier roman publié en français de l'auteure turque Asli Erdogan (qui a passé, rappelons-le, six mois dans les geôles de son homonyme pour avoir soutenu les Kurdes et défendu les droits de l'homme), d'inspiration autobiographique, ce texte m'a touchée au coeur ! Je l'ai lu d'une traite, happée que j'étais par cette histoire d'amour impossible entre une jeune physicienne turque expatriée à Genève et un pêcheur de coquillages caribéen petit et laid dont la peau est cousue de cicatrices...
La narratrice, au passé trouble, est suicidaire et non dénuée de charme, ancienne danseuse classique, spécialiste de physique nucléaire, elle a sacrifié sa vie personnelle pour se faire une place dans le milieu machiste des scientifiques où les femmes sont aussi rares que dénigrées.
Aussi quand sa seule amie, Maya, lui parle de ce séminaire sur l'île caribéenne de Sainte-Croix, elle n'hésite pas une seconde ! Mais les journées étouffantes sont rythmées par des séminaires assommants et ne lui laissent pas une minute de tranquillité... Qu'à cela ne tienne, en dépit des recommandations et de la prudence la plus élémentaire, elle s'aventure seule dans la moiteur nocturne, là où les autochtones, des dealers locaux en tout genre à la sensualité débridée qui détestent les Blancs (en tant que Turque, c'est bien la première fois qu'on la prend pour une Blanche !), font la loi tout en se déhanchant majestueusement sur des musiques endiablées... Ce goût du danger, ce réveil d'un corps trop souvent négligé, tout ça la ramène à la vie qu'elle tente de refouler en elle et la conduira à Tony, un rasta d'origine jamaïcaine aux activités louches et au passé obscur, dont elle ne sait s'il veut la tuer ou la violer. Cette violence qui couve l'attire irrésistiblement, et par ses mots purs, cet homme à la fois simple et vrai est le seul qui parvient à percer la carapace de solitude et de peur que s'est forgée la narratrice à force d'abnégation et de renoncements dont le "coeur est un ghetto" qui attire tous les marginaux de la planète. A lire de toute urgence.
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le 16 oct. 2019
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