Le plaisir que j'ai d'abord éprouvé à lire Franck Bouysse s'étiole de roman en roman. Le filon d'une nature rude dans laquelle évoluent des êtres qui le sont tout autant commence à lasser, surtout quand l'intrigue se cantonne essentiellement au face à face entre deux hommes qui, paradoxalement, ne se rencontrent jamais, chacun donnant en alternance son nom aux titres des chapitres, un procédé peut-être un peu usé désormais.
D'un côté Harry, romancier d'un seul succès et désormais en panne d'inspiration, qui a acheté une vieille ferme, de l'autre son voisin Caleb qui vit sur ses terres en quasi ermite. Deux femmes font bien irruption dans la vie de ces deux solitudes mais elles demeurent finalement des personnages secondaires.
De réaliste au départ, l'intrigue prend par la suite un aspect onirique pour se dénouer d'une manière inattendue mais qui ne m'a pas davantage séduit que la fin expéditive du précédent roman de Franck Bouysse, "Buveurs de vent".
Là où notre romancier d'une sombre ruralité devient rien de moins qu'agaçant, c'est lorsqu'il s'échine à "faire littéraire" en multipliant les images et les comparaisons dont certaines m'ont davantage amusé que transporté d'admiration.
Une lecture qui, si elle n'a rien d'ennuyeux, se révèle décevante.