Ben Bradford est un jeune new-yorkais, marié, deux enfants, avocat dans un cabinet répondant au doux nom de Lawrence, Cameron & Thomas. Richissime, il est arrogant mais malheureux, il aurait voulu être photographe mais il n'a jamais percé. Sa femme est chiante et ne l'aime plus. Lui, continue de l'aimer, découvre qu'elle a une liaison avec un voisin rentier,Gary Summers, amateur de photographie. Il survit en prenant des médocs pour soigner ses ulcères et boit pour oublier sa dépression domestique.
Un soir, ulcéré - c'est le cas de le dire - il se rend chez celui qui tringle sa femme :


" C'est là que j'ai craqué. Que je l'ai cogné. Avec la bouteille de cloudy-bay. Je lui ai assené un coup terrible sur le côté du crâne. La bouteille s'est cassée en deux. Assommé, il a vacillé, s'est écarté en titubant. A ce moment, un nouvel accès de rage m'a pris. Soudain, j'ai découvert que le goulot brisé, que j'avais gardé entre mes doigts, était enfoncé dans sa nuque. il s'était écoulé à peine cinq secondes, et j'étais trempé. Aspergé par un geyser géant."
A partir de ce moment, le roman devient passionnant. Ne voulant se rendre à la police, Brad tente l'impossible, prendre possession de l'identité de sa victime, Gary Summers. Grâce à une narration à la première personne, Brad nous fait voir toute son intelligence, son savoir faire pour réussir à s'extirper de ce merdier new-yorkais. Il s'enfuit en roulant des jours continus en direction des Rocheuses - mur symbolique- afin d'y trouver la paix. Il finit par louer un crasseux appartement, dans le Montana, pour six mois, dans lequel il installe une chambre noire.
Et voilà que survient le succès artistique, Gary/Ben dresse le portraits de locaux avec brio et ses photos sont excellentes. L'histoire aurait pu s'en arrêter là s'il Douglas ne nous avait pas flanqué d'un méchant comme sait si bien les inventer les Américains: Rudy Warren, un journaliste alcoolique, un brun sociopathe, et d'une lucidité affolante.
Après une soirée bien arrosée, Ben fait l'erreur de ramener ce poivrot chez lui qui lui vole ses portraits pour les faire publier à son insu.
La suite c'est qu'en tant que lecteur, on sait qu'il a mis le doigt dans l'engrenage. Le con il aurait dû se terrer, mais il est attiré - inconsciemment - par le succès, par la reconnaissance qu'il n'avait pas eu à New-York alors qu'il était le big boss des avocats. Troublant déséquilibre. Même l'amour s'en mêle, c'était avec Beth sa première femme qu'il aurait dû être aimé et voilà qu'une belle californienne, Anne, tombe amoureux de ce nouvel homme miraculé, Gary Summers


J'ai vraiment adoré ce roman, haletant jusqu'à une fin très spéciale, inattendue...


Je termine avec ce commentaire de sa dulcinée Anne:


" - Tout ce succès. En vingt-quatre heures, tu es parvenu à ce que tu avais renoncé à espérer depuis des années. Tu as percé d'un coup. Tu es "arrivé". Mais on dirait que la seule raison d'avoir réussi te flanque la trouille."


P.S. Evitez l'adaptation cinématographique du roman éponyme d'Eric Lartigau.

alinoa
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le 30 janv. 2021

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alinoa

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