L'homme qui voulait vivre sa vie nous présente une histoire qui cristallise un certain malaise au sein de notre société et dont on a déjà pas mal tiré le jus dans diverses oeuvres, littéraires ou non : la liberté atrophiée de l'homme moyen. Ou plutôt comment on en vient à se sentir prisonnier d'un certain mode de vie, un quotidien, qui n'est pas adapté à tout le monde et qui tend tellement à glorifier l'american way of life (fais-toi des sous, un max, en laissant au placard tes rêves de jeunesse, puis pond des chiards, trouve-toi une gentille femme) qu'il devient en réalité l'exemple de la médiocrité.
Voilà le tenant du bouquin. Un homme qui a réussi au détriment de ses rêves et espoirs, et qui par un coup du sort va avoir l'opportunité de repartir de zéro. Le sujet fait saliver l'homme moyen, celui qui n'est pas satisfait de sa vie, ou alors celui qui a peur de se retrouver piégé comme Ben Bedford le fût, et qui veut croire en la possibilité d'une autre voie, d'une rédemption tardive. L'auteur avait sous le pied une mine d'or qu'il n'a pas su réellement exploiter.
La faute ? La faute à un personnage tantôt antipathique, tantôt pitoyable, quand il n'est pas carrément d'une platitude à pleurer. On n'en voudra guère à l'auteur, aucun de ses personnages ne fonctionne vraiment, et on finit par les confondre les uns avec les autres tant parfois ils se ressemblent ou ressemblent à des archétypes. La faute à un manque d'ambition, aussi, puisque finalement dans sa deuxième vie le personnage commet les mêmes erreurs ou presque que dans la première, ou du moins des erreurs qui l'avilissent tout autant qu'il l'a déjà été. Le rêve de rédemption achoppe bien trop rapidement, et finalement le lecteur reste sur sa faim. Enfin, la faute à une écriture somme toute très banale et convenue, des dialogues qui ne font pas le poids, une gestion calamiteuse des points de tension qui font qu'on y croit peu ou prou, alors que, quand même, il s'en passe des choses ! En réalité, c'est comme si le livre ne tenait aucune des promesses énoncées lors des premières pages, lorsqu'on sent qu'une révolution se prépare, avec feux d'artifice et tout le tintouin, pour se retrouver finalement avec quelques pétards mouillés lancés par des enfants de banlieue bourgeoise. Tout cela pour terminer sur une sorte de morale cachée se rapprochant un peu trop des standards de la bienséance.
A retenir de ce livre, finalement, une très bonne gestion de l'intrigue, une construction minutieuse et brillante, notamment dans la partie 2, et cette capacité qu'il a à se lire d'un trait.
Autant de choses qui font de L'Homme qui voulait vivre sa vie un excellent produit de consommation, et un livre très moyen, finalement.
Elivath
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le 30 juil. 2014

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Mojo Saurus

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