Sortis en 1951, L'homme révolté est la continuité parfaite au Mythe de Sisyphe dans la pensée de Camus tout en éclairant et expliquant les autres oeuvres du cycles de la révolte (Les justes, La Peste)
Plus volumineux que son grand frère, je dois t'avouer, Sens critique, qu'une partie du livre m'est passé au dessus de la visière de protection.
Néanmoins, et sans doute plus que le mythe de Sisyphe , l'homme révolté a beaucoup à apprendre, même sans partager les postulats de départ de la pensée de Camus (la vie est absurde, Dieu est mort, et on refuse tout compromis ou abdication de la raison humaine (notamment le saut de la foi de Kierkegaard).
Car une bonne partie de l'oeuvre est assez indépendante de la pensée de Camus, et il s'agit d'abord d'une histoire de la pensée de la révolte, en commençant avec le marquis de Sade, suivent Stirner, Nietzsche, la révolte contre l'état et le gouvernement, la révolution Française et la révolution russe, la révolte contre un Dieu (et Camus explique contre quel Dieu) puis sa négation.
Et c'est là que tout le monde peut se sentir concerné car chacun a pu expérimenter le sentiment d'absurde développé dans le livre précédent, et ce désir de révolte qui peut rester de l'ordre du simple sentiment, quelles que soient ses convictions sur l'ordre du monde
Camus demeure avec l'honnêteté intellectuelle et le refus des compromis que nous lui connaissions. L'homme absurde a déjà refusé la mort et le suicide. L'homme révolté refuse de donner la mort. Car l'homme révolté croit au final à la nature de l'homme. SI il détruit au nom de la révolte, il en pervertit le sens. C'est pourquoi le Kaliayev des Justes devra mourir après l'attentat, le révolté tue pour un monde juste, il meurt pour la justice du monde d'après.
Car pour l'homme révolté n'est pas permis, le bien et le mal existent bien. C'est l'action et la solidarité qui permettent à l'homme de dépasser l'absurdité de sa condition.
Le Dr Rieux de la Peste en sera l'exemple parfait par son action solidaire et désintéressée, son refus de la transcendance.