Comme pour les autres Wilkie Collins que j'ai lus cette année, j'ai trouvé l'écriture très efficace, parfois malheureusement plus efficace que l'histoire elle-même.
L'hôtel hanté souffre à mon goût d'un déséquilibre de rythme et de suspense. C'est quelque chose que j'avais déjà remarqué dans La dame en blanc, et encore davantage dans Le secret, mais dans L'hôtel hanté je ne vois que ça.
En fait, la principale qualité de Wilkie Collins est aussi son principal défaut : il sait créer des tensions et du suspense avec peu, voire avec rien du tout. Et ce suspense du rien du tout me paraît parfois exagéré et risible. Les personnages s'inquiètent trop tôt et se mettent dans des états pas possibles alors que rien ne s'est encore passé. C'est un peu comme si vous piquiez une crise avant de sortir le matin parce que... une sensation étrange vous ronge l'estomac. Quelque chose vous terrasse sans que vous ne puissiez mettre le doigt dessus. Vous ne savez pas comment, mais le malheur va s'abattre sur vous, c'est évident ! C'est l'effet que me fait l'écriture de Wilkie Collins (notamment les débuts de ses romans).
Malgré ce petit côté "too much", la lecture reste plaisante, et l'intrigue honnête, je dirais. Mais je ne conseille pas L'hôtel hanté en première lecture de Collins. La dame en blanc me paraît être de meilleure facture et donnera davantage envie de lire d'autres romans de cet écrivain talentueux.
Une petite anecdote pour finir... J'ai été surprise de trouver dans L'hôtel hanté de grandes similitudes avec l'intrigue de Ma cousine Rachel de Daphné du Maurier. Par le plus grand des hasards j'ai lu les deux à un mois ou deux d'intervalle et j'ai eu l'impression de lire deux fois la même histoire dans deux styles totalement différents ! Bien que plus tardif (et donc... humm... suspicieux), Ma cousine Rachel m'a laissé une bien meilleure impression, aussi bien dans le déroulement de l'intrigue que dans le style d'écriture (mais je dois avouer que je suis une éternelle amoureuse du style de Daphné du Maurier).